Lyon ne veut plus être la capitale du Rhône
DECENTRALISATION - D'ici à 2014, la communauté urbaine de Lyon devrait quitter le département pour se constituer en Métropole d'intérêt européen.
Ce matin, Gérard Collomb, sénateur-maire PS de Lyon et
président du Grand Lyon - la communauté urbaine – , et Michel Mercier,
président UDI du conseil général du Rhône ont annoncé, tout sourires, la
prochaine séparation du département du Rhône en deux entités.
Le Grand
Lyon se prépare en effet à faire sécession. Quittant administrativement
et juridiquement le Rhône, il va devenir Métropole d’intérêt européen
(MIEU). Ce statut est prévu par la Loi de décentralisation et de
modernisation de l'action publique sur laquelle travaille le
gouvernement.
Le 16
novembre, Marylise Lebranchu, la ministre de la Réforme de l’Etat, de la
décentralisation et de la fonction publique, avait annoncé la création
d'« euro-métropoles », et précisé que ce statut serait réservée
aux groupements intercommunaux dépassant le million d’habitants. A
savoir : Lille Métropole, le Grand Lyon et Marseille Provence Métropole.
Gérard Collomb et Michel Mercier se sont vantés ce matin d'être les premiers à traduire les intentions de la ministre en actes. « Nous donnons l'exemple »,
a déclaré le premier. Selon lui, Marylise Lebranchu a donné son feu
vert il y a une dizaine de jours. Et François Hollande et Jean-Marc
Ayrault auraient confirmé leur accord, lundi, lors de leur passage à
Lyon pour le sommet franco-italien.
La ministre de la Réforme de l'Etat avait indiqué que les métropoles européennes « pourraient bénéficier par convention, le cas échéant, de transferts de compétences départementales et régionales ».
Gérard Collomb a annoncé que le conseil général du Rhône cèderait à la
métropole européenne lyonnaise ses compétences en matière économique,
sociale et concernant la petite enfance. «La métropole se verra confier d'autres pouvoirs par la loi », a-t-il ajouté.
D'autres questions restent en suspens. Quels seront les moyens financiers et humains de la future entité? « Les crédits et les personnels vont suivre les compétences », a indiqué Michel Mercier.
La seule
certitude est que le président de la future métropole européenne de Lyon
aura beaucoup plus de pouvoirs que celui de la communauté urbaine.« C'est dans ces territoires que se joue l'avenir du pays », affirme Gérard Collomb.
« Notre challenge aujourd'hui, c'est pouvoir se comparer à des grandes villes comme Barcelone, Manchester ou Milan », ajoute-t-il.
Sera-t-il lui-même candidat à ce poste? Cette fonction
pionnière pourrait d'autant plus l'intéresser que l'interdiction du
cumul des mandats lui va lui imposer de choisir entre ses actuelles
charges de maire et de sénateur.
Plus
étonnante est l'apparente satisfaction de Michel Mercier. Aujourd'hui
président du conseil général du Rhône, il va se retrouver à la tête d'un
département privé de sa capitale économique et culturelle. Et de 1,2
million d'habitants sur les 1,7 million que compte aujourd'hui le
département.
L'explication
viendrait de son souhait d'abandonner cette fonction qu'il occupe
depuis 1990, pour redevenir maire de Thizy, son fief du Beaujolais.
Sur ce
dossier, Gérard Collomb et Michel Mercier ont avancé à marche forcée. Et
en toute discrétion. Le second a prévenu sa majorité au département
jeudi de la semaine dernière, et l'ensemble des conseillers généraux, ce
mardi, après la conférence de presse. Gérard Collomb a réuni les
conseillers généraux PS lundi.
Et les deux hommes n'entendent pas ralentir le rythme. « Sur ce genre de problématiques, il faut avancer vite », affirme le président du Grand Lyon. Michel Mercier a annoncé, pour juin 2013, une « loi spéciale pour Lyon », permettant de créer la première métropole européenne de France en 2014, sans attendre le texte sur la décentralisation.
Catherine Coroller