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samedi 3 novembre 2012
dimanche 5 juin 2011
A lire absolument avant le 17 juin: LA FRANCE DANS LE MONDE DEPUIS 1958
Introduction
La date de 1958 n’est pas une rupture pertinente dans ce domaine car, à bien des égards, la
Vème République se situe dans la continuité de la IVème République : ambition de la grandeur,
problème de l’empire, ancrage dans le camp occidental ou encore construction européenne…
Quand de Gaulle arrive au pouvoir, la conjoncture internationale est difficile (Guerre froide,
décolonisation…). Il développe alors une conception originale : « Toute ma vie, je me suis
fait une certaine idée de la France… La France n’est réellement elle-même qu’au premier
rang » (Mémoires de guerre – l’appel, 1958).
Aussi, la coupure entre de Gaulle et ses successeurs est-elle aussi une rupture partielle,
même si le discours est parfois différent. Aujourd’hui, la France est une puissance moyenne,
qui occupe dans le monde une place supérieure à son poids réel, qui est plus de l’ordre de
l’influence que de la véritable puissance.
Durant la Vème République, de quelle façon la France a-t-elle été présente
dans le monde ?
I. Les continuités dans la politique étrangère depuis1958
A. L’appartenance au camp occidental
• L’ancrage dans le camp occidental est un héritage de la Seconde Guerre mondiale. La
France sort affaiblie du conflit à cause de sa collaboration avec l’Allemagne, mais le
général de Gaulle obtient des Alliés un siège de membre permanent au Conseil de
sécurité de l’ONU dès sa création en 1945. Les membres permanents ont le droit de veto
qui consiste à pouvoir empêcher une résolution d’être prise. La IVème République a
choisi le camp des Etats-Unis au début de la Guerre froide. Elle a accepté le plan
Marshall pour faire face à la reconstruction et aux difficultés économiques. Elle adhère
à l’OTAN en 1949 et de nombreuses bases américaines s’implantent sur le territoire.
• L’adhésion au camp occidental n’a jamais été remise en cause, quelle que soit
l’appartenance politique des Présidents. Malgré une contestation souvent spectaculaire
de la domination américaine, de Gaulle n’a jamais remis en cause l’appartenance de la
France au monde occidental. Ainsi, en 1962, il a soutenu Kennedy lors de la crise de
Cuba ; de même Mitterrand soutient les Etats-Unis lors de la crise des Euromissiles en
encourageant, à partir de 1983, l’installation des fusées Pershing face aux SS20
soviétiques. En outre, en 1991, sous Mitterrand, la France intervient aux côtés des Etats-
Unis et des autres forces mandatées par l’ONU dans la guerre du Golfe.
B. La volonté de se doter des outils militaires de l’indépendance
La France est humiliée lors de la crise de Suez en 1956 (les Américains l’ont obligé à
se retirer). Cette humiliation pousse la IVème République à accélérer le programme
nucléaire démarré en 1952. La politique nucléaire symbolise la volonté d’indépendance.
Ainsi, la mise en oeuvre d’une force de dissuasion, avec l’expérimentation de la bombe
A et de la bombe H (dans le Sahara entre 1960 et 1966 et dans le Pacifique dès 1966)
permet à de Gaulle de prendre ses distances avec le « parapluie nucléaire » américain et
de quitter le commandement militaire intégré de l’OTAN en 1966 (tout en restant
membre de l’Alliance). En 1966, est créée la base de lancement de missiles nucléaires
du plateau d’Albion. En 1967, le sous-marin nucléaire Le Redoutable est lancé.
La France a attendu jusqu’en 1992 pour adhérer au traité de non-prolifération
nucléaire signé en 1968 (refusé par de Gaulle). Elle a été la dernière grande puissance à
poursuivre les essais nucléaires (jusqu’en 1996). Le lancement du porte-avions
nucléaire Charles de Gaulle en 2001 a pour objectif de préserver les possibilités
françaises d’intervention dans le monde. En 2009, le parlement français a voté la
réintégration du pays dans le commandement militaire intégré de l'OTAN.
C. La volonté de peser sur la scène internationale
De Gaulle est à l’origine d’une politique de grandeur qui avait pour but de restaurer le
rang de la France, lui redonner une place de puissance mondiale. Cette politique de
grandeur passe par une politique d’indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. La remise en
cause de l’hégémonie américaine se manifeste à plusieurs reprises : d’abord, en 1963 et
en 1967, il refuse de l’adhésion dans la CEE du Royaume-Uni, considéré comme trop
proche des Etats-Unis. Ensuite, en 1965, pour faire face à la suprématie économique et
technologique américaine, de Gaulle convertit en or les dollars détenus par la Banque de
France et développe les secteurs de pointe comme l’aéronautique (mise au point du
Concorde), et l’informatique (lancement du plan Calcul). Enfin, en 1966, dans son
discours de Phnom-Penh, de Gaulle condamne l’intervention américaine au Vietnam.
L’indépendance acquise grâce au nucléaire permet à la France d’être plus libre dans
sa politique étrangère à un moment où la logique bipolaire commence à être contestée.
Ainsi, de Gaulle fait des voyages à l’étranger, amorce une ouverture en direction du
monde communiste. Il reçoit Khrouchtchev en 1961, va à Moscou en 1966. Il reconnaît
en 1964 la Chine communiste. Il ouvre la voie à une politique fondée sur l’amitié avec
les Etats arabes qui se traduit notamment par l’embargo sur les armes françaises à
destination d’Israël, lors de la guerre israélo-arabe des Six Jours en 1967.
• On retrouve cette contestation de l’atlantisme chez les différents gouvernements
français qui se démarquent régulièrement de la politique menée par Washington. En
1983, Mitterrand critique l’intervention américaine dans l’île de Grenade qui avait
choisi comme dirigeant un militaire proche de Fidel Castro et condamne l’Initiative de
Défense Stratégique lancée par Ronald Reagan (« la guerre des étoiles ») en 1985. En
mars 2003, Chirac s’oppose à une intervention américaine en Irak…
II. L’Europe et l’Afrique, deux nouveaux enjeux de la politique étrangère
A. Un rôle majeur dans la construction européenne
La IVème République joue un rôle déterminant dans la naissance d’une Europe unie,
pensant que les Européens ne pourront parler d’égal à égal avec les deux Grands que
s’ils sont unis. En 1951, les négociations de six pays européens aboutissent à la création
de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier ; mais échouent pour une
politique et une défense commune (la Communauté Européenne de Défense). En 1957,
le couple franco-allemand fait aboutir le traité de Rome qui crée la Communauté
Economique Européenne. La CEE a comme conséquence principale la mise en place
d’un marché commun : accord économique qui instaure, par étapes, une zone de libreéchange
reposant sur la libre circulation des marchandises, des hommes, des capitaux
entre pays membres et un tarif douanier commun.
• Le retour de de Gaulle ne remet pas en cause la construction européenne. Pour lui,
l’Europe est utile à l’économie française et elle sert son rayonnement. Il accélère
l’ouverture de l’économie française en appliquant la première baisse des tarifs douaniers
prévue par le traité de Rome avec comme objectif d’obliger les entreprises à s’ouvrir à
la concurrence pour qu’elles participent au rayonnement de la France.
• De plus, il engage la France dans la Politique agricole commune en 1962. Mais il
refuse tout abandon de souveraineté au profit de l’Europe. Il s’oppose au passage du
vote à la majorité au sein de la CEE (il maintient la règle de l’unanimité). Le
rapprochement franco-allemand se poursuit sous l’impulsion du général de Gaulle et du
chancelier Adenauer. En 1963, le traité de l’Elysée prévoit des rencontres pluriannuelles
entre chefs d’Etat et de gouvernement des deux pays. En 2003, lors de la célébration du
quarantenaire de ce traité, le chancelier et le président de la République ont décidé de
faire rédiger des manuels communs en histoire pour la Seconde, la 1ère et la Terminale.
Les successeurs de de Gaulle se prononcent en faveur de l’élargissement et de
l’approfondissement de la construction européenne. En 1972, Pompidou fait approuver
par les Français l’entrée du Royaume-Uni dans la CEE. En 1974, Giscard d’Estaing fait
adopter l’élection des députés européens au suffrage universel. En 1979, il fait adopter
la création du Conseil européen (réunion deux fois par an des chefs d’Etat et de
gouvernement de la CEE). Mitterrand, en association étroite avec le chancelier Kohl,
accélère l’élargissement (de 12 à 15 en 1995) et l’approfondissement, avec la signature
du traité de Maastricht en 1992 qui prévoit la création d’une monnaie unique et élargit
les compétences de la Communauté européenne à l’environnement, la recherche,
l’industrie, l’éducation, la santé et la culture. Chirac accepte en 2004 le passage de 15 à
25 membres en 2004 et se prononce en faveur du « oui » à la Constitution européenne et
renforce l’axe franco-allemand en nommant avec le chancelier Schröder un Secrétaire
général pour la coopération avec l’Allemagne.
• Si les présidents de la Vème République défendent la souveraineté nationale moins
âprement que de Gaulle, c’est parce qu’ils conçoivent l’Europe comme le seul moyen
pour la France de conserver son rôle mondial. Ils ont en tête l’idée que pour conserver
son influence, la France doit renoncer à une partie de sa souveraineté. La politique
étrangère française s’inscrit de plus en plus dans le cadre de l’Union européenne qui
négocie des traités économiques avec l’OMC, et tente d’élaborer une politique
extérieure et de défense communes. Par exemple, l’Eurocorps, créé en 1992, rassemble
des régiments français, allemands, belges, luxembourgeois et espagnols.
B. Le maintien d’une sphère d’influence en Afrique
Jusqu’au début des années 1960, la grandeur de la nation est assimilée à la possession
de l’Empire colonial. Mais, les années 1950 marquent un tournant dans la perception de
la politique coloniale, notamment avec la guerre en Algérie. Dès 1958, De Gaulle
engage la France dans la voie de la décolonisation en Afrique noire, avec la volonté de
donner plus d’autonomie aux colonies, qui deviennent indépendantes en 1960. De
Gaulle pense que la puissance de la France ne passe plus par la possession de colonies.
La décolonisation s’accompagne d’accords de coopération (politique, militaire,
économique et culturelle) permettant à la France de maintenir son influence dans cette
partie du monde. L’Afrique est considérée comme sa « chasse gardée ». Cependant, les
nombreuses interventions militaires en Afrique sont souvent critiquées. Par exemple, les
opérations militaires au Zaïre et en Centrafrique (1979) ont été vues comme des
soutiens à des régimes autoritaires (celui de Mobutu et de Bokassa) préservant les
intérêts français. L’opération militaire au Gabon en 1990, qui était censée protéger les
Français expatriés, a été vue comme une volonté de préserver les intérêts des sociétés
pétrolières françaises dans ce pays et le président Omar Bongo (il a toujours mené une
politique pro-française). En échange de l’aide économique et militaire fournie par la
France, les Etats africains appuient la France à l’ONU (le général Eyadema, président
du Togo, a ainsi été un allié indéfectible de la France à l’ONU jusqu’à sa mort).
• La fin de la Guerre froide change un peu la donne : la France ferme plusieurs de ses
bases militaires (notamment en Centrafrique). Depuis 1990, Paris entend conditionner
son aide aux progrès de la démocratie : elle fait pression sur le fils du général Eyadema
en 2005 pour l’obliger à organiser des élections dignes de ce nom. En 1999, le ministère
de la Coopération perd son autonomie, il est rattaché au ministère des Affaires
étrangères ce qui montre que la coopération perd un peu de son importance.
Dernièrement, la France cherche une politique de co-développement et d’immigration
négociée avec les pays africains.
III. La place de la France dans le monde d’aujourd’hui
A. Une présence territoriale et militaire mondiale
Grâce à ses DROM (Départements et Régions d’outre-mer, où les lois françaises
s’appliquent) et à ses COM (Collectivités d’outre-mer, les anciennes colonies restées
sous la souveraineté de la France mais très autonomes), qualifiés par certains de
« confettis de l’Empire colonial », la France est restée présente dans le monde entier.
L’armée française a ainsi des points d’appui dans les Caraïbes, l’océan Indien et l’océan
Pacifique. La Guyane, grâce à sa position équatoriale propice au lancement de satellites,
abrite le centre spatial européen de Kourou. Les îles de Polynésie française ont
longtemps servi aux essais nucléaires (atoll de Mururoa). Tous ces territoires, souvent
insulaires, permettent à la France de disposer d’une Zone économique exclusive
s’étendant jusqu’à 200 milles (370 km) des côtes, sur laquelle l’Etat riverain a le
monopole de l’exploitation économique. La ZEE française compte plus de 10 millions
de km², ce qui la place au 2ème rang mondial derrière celle des Etats-Unis.
La présence de 40 000 soldats hors du territoire métropolitain contribue à la puissance
de la France. L’Afrique est au coeur du dispositif militaire français avec 1 100 soldats au
Sénégal, 4 000 soldats en Côte d’Ivoire, 2 500 hommes à Djibouti… Ces effectifs ont
facilité les interventions militaires françaises en Afrique depuis 1990, auxquelles il faut
ajouter les interventions des Casques bleus français dans plusieurs régions (Balkans,
Afghanistan…). Le passage à l’armée de métier est en partie lié à cette volonté
d’intervenir plus rapidement : en 1990-91, la France a du mal à envoyer 12 000 soldats
pour la Guerre du Golfe, d’où la décision de créer une armée de métier (en 1996).
B. Une puissance économique assez limitée
La France a connu une phase d’accroissement des échanges internationaux dans les
années 1990. C’est le résultat du choix de s’ouvrir aux échanges opéré à la fin des
années 1950, qui n’a jamais été remis en cause par la suite. On a assisté à un
accroissement continu de la part du commerce extérieur au sein du PIB : près de 9% en
1958, près de 15% en 1973, 23% en 1992 et 27% aujourd’hui. Ces échanges se font
surtout avec les pays européens et les Etats-Unis. La France est au 5ème rang mondial
pour les exportations de marchandises. Dans ce domaine, les points forts sont les
produits agricoles et agroalimentaires (2ème exportateur mondial) mais aussi
l’aéronautique ou le nucléaire. Dans le domaine des services (3ème exportateur du
monde), la France est la 1ère destination touristique mondiale avec plus de 77 millions
de visiteurs en 2002 et 15 milliards d’euros d’excédent.
• L’économie française est désormais l’une des plus extraverties du monde, que ce soit
dans le domaine des investissements à l’étranger (72% des IDE français vont dans les
pays de l’UE et 13 % vers les Etats-Unis) ou dans le domaine de l’accueil des
investissements étrangers. Elle est parmi les cinq premiers récepteurs d’IDE au monde ;
ils proviennent surtout de l’UE (72%) et des Etats-Unis (9%). La moitié des entreprises
françaises cotées en Bourse réalisent plus de 70% de leur chiffre d’affaires à l’étranger,
soit 4 fois plus qu’en 1990. La puissance économique française (6ème PIB mondial) fait
qu’elle est membre du G8, le sommet politique et économique qui réunit une fois par an
les chefs de l’exécutif des sept pays les plus industrialisés du monde plus la Russie.
• Mais, la puissance économique française a des limites. L’internationalisation de son
économie se traduit aussi par une expatriation croissante des talents, particulièrement en
direction des pays anglo-saxons (brain drain). L’Etat ne contrôle plus les capitaux. Le
capital des grandes firmes françaises est en partie aux mains d’investisseurs étrangers.
L’Etat cherche à s’adapter : les présidents de la République emmènent des chefs
d’entreprise dans leurs voyages pour leur permettre de signer de nouveaux contrats.
C. La francophonie: encore un élément de puissance ?
• Le français est aujourd’hui parlé par 115 à 160 millions de personnes dans le monde
(une trentaine d’Etats, surtout en Afrique noire). Mais le français est, avec l’anglais, la
seule véritable langue de communication internationale. La francophonie s’explique par
deux faits: la constitution d’un empire colonial à partir de la fin du XIXème siècle et la
nécessité de repenser les liens entre l’ancienne métropole et ses colonies désormais
émancipées, tout en résistant à la diffusion de l’anglais et du modèle anglo-saxon.
• On distingue plusieurs groupes de francophones : ceux dont le français est la langue
maternelle et officielle (Etats francophones européens et Québec), ceux dont le français
est la langue administrative (pays d’Afrique noire), et enfin les élites de certains pays
qui ont appris le français (anciennes colonies d’Asie du Sud-Est et du Maghreb).
La francophonie est la politique visant à défendre et à promouvoir la langue et la
culture françaises dans le monde. Elle a pris une tournure politique à partir de 1986,
date du premier sommet réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement de 51 pays
ayant en commun l’usage du français. Désormais, sont abordées des questions d’ordre
culturel et diplomatique au cours des sommets de la francophonie qui ont lieu tous les
deux ans. Certains Etats dont la population maîtrise le français (comme l’Algérie)
n’appartiennent pas à l’Organisation Internationale de la Francophonie. Peut-être
considèrent-ils que cette organisation est une forme de néocolonialisme ? Aux pays qui
souhaitent résister à l’uniformisation mondiale, l’Organisation Internationale de la
Francophonie montre que l’usage commun d’une langue crée des solidarités, fonde une
identité forte étayée par des valeurs partagées : la démocratie et les droits de l’Homme,
mais aussi la laïcité et la recherche d’un développement respectueux des aspirations
humaines et des fondements socioculturels des sociétés.
• Cette promotion du français hors de France est soutenue par une véritable diplomatie
culturelle, coordonnée par le ministère des Affaires étrangères. Elle peut s’appuyer ainsi
sur le réseau des Alliances françaises (associations privées installées dans de nombreux
pays qui enseignent la langue et la civilisation françaises) et sur des médias à vocation
internationale. L’AFP (Agence France Presse) diffuse des informations en français
grâce à des correspondants dans 135 pays. RFI (Radio France International) diffuse
dans le monde entier des émissions en français. TV5 monde est une chaîne francophone
par satellite, créée par les télévisions française, belge, suisse et canadienne ; France 24,
créée en 2006, est une chaîne d’information internationale continue.
Conclusion : Une puissance moyenne
• La politique de grandeur et la contestation de l’hégémonie des Etats-Unis, la francophonie,
les DROM-COM et l’Union européenne ont permis à la France de faire entendre sa voix.
Mais la possession d’un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, qui
donne à la France le droit de veto, constitue aussi un élément non négligeable de pouvoir. La
France ne peut se permettre d’adopter une attitude unilatérale dans le domaine de la politique
étrangère.
• Cela explique peut-être sa volonté de favoriser la gestion multilatérale des crises, comme ce
fut le cas lors de la crise irakienne en 2003 et de faire prévaloir le respect du droit sur la scène
internationale. Elle insiste sur des thèmes porteurs, comme celui des droits de l’homme et de
la démocratie. Elle est notamment à l’origine des résolutions de l’ONU créant les tribunaux
pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie (1993), le Rwanda (1995) et du projet de la
Cour pénale internationale.
La date de 1958 n’est pas une rupture pertinente dans ce domaine car, à bien des égards, la
Vème République se situe dans la continuité de la IVème République : ambition de la grandeur,
problème de l’empire, ancrage dans le camp occidental ou encore construction européenne…
Quand de Gaulle arrive au pouvoir, la conjoncture internationale est difficile (Guerre froide,
décolonisation…). Il développe alors une conception originale : « Toute ma vie, je me suis
fait une certaine idée de la France… La France n’est réellement elle-même qu’au premier
rang » (Mémoires de guerre – l’appel, 1958).
Aussi, la coupure entre de Gaulle et ses successeurs est-elle aussi une rupture partielle,
même si le discours est parfois différent. Aujourd’hui, la France est une puissance moyenne,
qui occupe dans le monde une place supérieure à son poids réel, qui est plus de l’ordre de
l’influence que de la véritable puissance.
Durant la Vème République, de quelle façon la France a-t-elle été présente
dans le monde ?
I. Les continuités dans la politique étrangère depuis1958
A. L’appartenance au camp occidental
• L’ancrage dans le camp occidental est un héritage de la Seconde Guerre mondiale. La
France sort affaiblie du conflit à cause de sa collaboration avec l’Allemagne, mais le
général de Gaulle obtient des Alliés un siège de membre permanent au Conseil de
sécurité de l’ONU dès sa création en 1945. Les membres permanents ont le droit de veto
qui consiste à pouvoir empêcher une résolution d’être prise. La IVème République a
choisi le camp des Etats-Unis au début de la Guerre froide. Elle a accepté le plan
Marshall pour faire face à la reconstruction et aux difficultés économiques. Elle adhère
à l’OTAN en 1949 et de nombreuses bases américaines s’implantent sur le territoire.
• L’adhésion au camp occidental n’a jamais été remise en cause, quelle que soit
l’appartenance politique des Présidents. Malgré une contestation souvent spectaculaire
de la domination américaine, de Gaulle n’a jamais remis en cause l’appartenance de la
France au monde occidental. Ainsi, en 1962, il a soutenu Kennedy lors de la crise de
Cuba ; de même Mitterrand soutient les Etats-Unis lors de la crise des Euromissiles en
encourageant, à partir de 1983, l’installation des fusées Pershing face aux SS20
soviétiques. En outre, en 1991, sous Mitterrand, la France intervient aux côtés des Etats-
Unis et des autres forces mandatées par l’ONU dans la guerre du Golfe.
B. La volonté de se doter des outils militaires de l’indépendance
La France est humiliée lors de la crise de Suez en 1956 (les Américains l’ont obligé à
se retirer). Cette humiliation pousse la IVème République à accélérer le programme
nucléaire démarré en 1952. La politique nucléaire symbolise la volonté d’indépendance.
Ainsi, la mise en oeuvre d’une force de dissuasion, avec l’expérimentation de la bombe
A et de la bombe H (dans le Sahara entre 1960 et 1966 et dans le Pacifique dès 1966)
permet à de Gaulle de prendre ses distances avec le « parapluie nucléaire » américain et
de quitter le commandement militaire intégré de l’OTAN en 1966 (tout en restant
membre de l’Alliance). En 1966, est créée la base de lancement de missiles nucléaires
du plateau d’Albion. En 1967, le sous-marin nucléaire Le Redoutable est lancé.
La France a attendu jusqu’en 1992 pour adhérer au traité de non-prolifération
nucléaire signé en 1968 (refusé par de Gaulle). Elle a été la dernière grande puissance à
poursuivre les essais nucléaires (jusqu’en 1996). Le lancement du porte-avions
nucléaire Charles de Gaulle en 2001 a pour objectif de préserver les possibilités
françaises d’intervention dans le monde. En 2009, le parlement français a voté la
réintégration du pays dans le commandement militaire intégré de l'OTAN.
C. La volonté de peser sur la scène internationale
De Gaulle est à l’origine d’une politique de grandeur qui avait pour but de restaurer le
rang de la France, lui redonner une place de puissance mondiale. Cette politique de
grandeur passe par une politique d’indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. La remise en
cause de l’hégémonie américaine se manifeste à plusieurs reprises : d’abord, en 1963 et
en 1967, il refuse de l’adhésion dans la CEE du Royaume-Uni, considéré comme trop
proche des Etats-Unis. Ensuite, en 1965, pour faire face à la suprématie économique et
technologique américaine, de Gaulle convertit en or les dollars détenus par la Banque de
France et développe les secteurs de pointe comme l’aéronautique (mise au point du
Concorde), et l’informatique (lancement du plan Calcul). Enfin, en 1966, dans son
discours de Phnom-Penh, de Gaulle condamne l’intervention américaine au Vietnam.
L’indépendance acquise grâce au nucléaire permet à la France d’être plus libre dans
sa politique étrangère à un moment où la logique bipolaire commence à être contestée.
Ainsi, de Gaulle fait des voyages à l’étranger, amorce une ouverture en direction du
monde communiste. Il reçoit Khrouchtchev en 1961, va à Moscou en 1966. Il reconnaît
en 1964 la Chine communiste. Il ouvre la voie à une politique fondée sur l’amitié avec
les Etats arabes qui se traduit notamment par l’embargo sur les armes françaises à
destination d’Israël, lors de la guerre israélo-arabe des Six Jours en 1967.
• On retrouve cette contestation de l’atlantisme chez les différents gouvernements
français qui se démarquent régulièrement de la politique menée par Washington. En
1983, Mitterrand critique l’intervention américaine dans l’île de Grenade qui avait
choisi comme dirigeant un militaire proche de Fidel Castro et condamne l’Initiative de
Défense Stratégique lancée par Ronald Reagan (« la guerre des étoiles ») en 1985. En
mars 2003, Chirac s’oppose à une intervention américaine en Irak…
II. L’Europe et l’Afrique, deux nouveaux enjeux de la politique étrangère
A. Un rôle majeur dans la construction européenne
La IVème République joue un rôle déterminant dans la naissance d’une Europe unie,
pensant que les Européens ne pourront parler d’égal à égal avec les deux Grands que
s’ils sont unis. En 1951, les négociations de six pays européens aboutissent à la création
de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier ; mais échouent pour une
politique et une défense commune (la Communauté Européenne de Défense). En 1957,
le couple franco-allemand fait aboutir le traité de Rome qui crée la Communauté
Economique Européenne. La CEE a comme conséquence principale la mise en place
d’un marché commun : accord économique qui instaure, par étapes, une zone de libreéchange
reposant sur la libre circulation des marchandises, des hommes, des capitaux
entre pays membres et un tarif douanier commun.
• Le retour de de Gaulle ne remet pas en cause la construction européenne. Pour lui,
l’Europe est utile à l’économie française et elle sert son rayonnement. Il accélère
l’ouverture de l’économie française en appliquant la première baisse des tarifs douaniers
prévue par le traité de Rome avec comme objectif d’obliger les entreprises à s’ouvrir à
la concurrence pour qu’elles participent au rayonnement de la France.
• De plus, il engage la France dans la Politique agricole commune en 1962. Mais il
refuse tout abandon de souveraineté au profit de l’Europe. Il s’oppose au passage du
vote à la majorité au sein de la CEE (il maintient la règle de l’unanimité). Le
rapprochement franco-allemand se poursuit sous l’impulsion du général de Gaulle et du
chancelier Adenauer. En 1963, le traité de l’Elysée prévoit des rencontres pluriannuelles
entre chefs d’Etat et de gouvernement des deux pays. En 2003, lors de la célébration du
quarantenaire de ce traité, le chancelier et le président de la République ont décidé de
faire rédiger des manuels communs en histoire pour la Seconde, la 1ère et la Terminale.
Les successeurs de de Gaulle se prononcent en faveur de l’élargissement et de
l’approfondissement de la construction européenne. En 1972, Pompidou fait approuver
par les Français l’entrée du Royaume-Uni dans la CEE. En 1974, Giscard d’Estaing fait
adopter l’élection des députés européens au suffrage universel. En 1979, il fait adopter
la création du Conseil européen (réunion deux fois par an des chefs d’Etat et de
gouvernement de la CEE). Mitterrand, en association étroite avec le chancelier Kohl,
accélère l’élargissement (de 12 à 15 en 1995) et l’approfondissement, avec la signature
du traité de Maastricht en 1992 qui prévoit la création d’une monnaie unique et élargit
les compétences de la Communauté européenne à l’environnement, la recherche,
l’industrie, l’éducation, la santé et la culture. Chirac accepte en 2004 le passage de 15 à
25 membres en 2004 et se prononce en faveur du « oui » à la Constitution européenne et
renforce l’axe franco-allemand en nommant avec le chancelier Schröder un Secrétaire
général pour la coopération avec l’Allemagne.
• Si les présidents de la Vème République défendent la souveraineté nationale moins
âprement que de Gaulle, c’est parce qu’ils conçoivent l’Europe comme le seul moyen
pour la France de conserver son rôle mondial. Ils ont en tête l’idée que pour conserver
son influence, la France doit renoncer à une partie de sa souveraineté. La politique
étrangère française s’inscrit de plus en plus dans le cadre de l’Union européenne qui
négocie des traités économiques avec l’OMC, et tente d’élaborer une politique
extérieure et de défense communes. Par exemple, l’Eurocorps, créé en 1992, rassemble
des régiments français, allemands, belges, luxembourgeois et espagnols.
B. Le maintien d’une sphère d’influence en Afrique
Jusqu’au début des années 1960, la grandeur de la nation est assimilée à la possession
de l’Empire colonial. Mais, les années 1950 marquent un tournant dans la perception de
la politique coloniale, notamment avec la guerre en Algérie. Dès 1958, De Gaulle
engage la France dans la voie de la décolonisation en Afrique noire, avec la volonté de
donner plus d’autonomie aux colonies, qui deviennent indépendantes en 1960. De
Gaulle pense que la puissance de la France ne passe plus par la possession de colonies.
La décolonisation s’accompagne d’accords de coopération (politique, militaire,
économique et culturelle) permettant à la France de maintenir son influence dans cette
partie du monde. L’Afrique est considérée comme sa « chasse gardée ». Cependant, les
nombreuses interventions militaires en Afrique sont souvent critiquées. Par exemple, les
opérations militaires au Zaïre et en Centrafrique (1979) ont été vues comme des
soutiens à des régimes autoritaires (celui de Mobutu et de Bokassa) préservant les
intérêts français. L’opération militaire au Gabon en 1990, qui était censée protéger les
Français expatriés, a été vue comme une volonté de préserver les intérêts des sociétés
pétrolières françaises dans ce pays et le président Omar Bongo (il a toujours mené une
politique pro-française). En échange de l’aide économique et militaire fournie par la
France, les Etats africains appuient la France à l’ONU (le général Eyadema, président
du Togo, a ainsi été un allié indéfectible de la France à l’ONU jusqu’à sa mort).
• La fin de la Guerre froide change un peu la donne : la France ferme plusieurs de ses
bases militaires (notamment en Centrafrique). Depuis 1990, Paris entend conditionner
son aide aux progrès de la démocratie : elle fait pression sur le fils du général Eyadema
en 2005 pour l’obliger à organiser des élections dignes de ce nom. En 1999, le ministère
de la Coopération perd son autonomie, il est rattaché au ministère des Affaires
étrangères ce qui montre que la coopération perd un peu de son importance.
Dernièrement, la France cherche une politique de co-développement et d’immigration
négociée avec les pays africains.
III. La place de la France dans le monde d’aujourd’hui
A. Une présence territoriale et militaire mondiale
Grâce à ses DROM (Départements et Régions d’outre-mer, où les lois françaises
s’appliquent) et à ses COM (Collectivités d’outre-mer, les anciennes colonies restées
sous la souveraineté de la France mais très autonomes), qualifiés par certains de
« confettis de l’Empire colonial », la France est restée présente dans le monde entier.
L’armée française a ainsi des points d’appui dans les Caraïbes, l’océan Indien et l’océan
Pacifique. La Guyane, grâce à sa position équatoriale propice au lancement de satellites,
abrite le centre spatial européen de Kourou. Les îles de Polynésie française ont
longtemps servi aux essais nucléaires (atoll de Mururoa). Tous ces territoires, souvent
insulaires, permettent à la France de disposer d’une Zone économique exclusive
s’étendant jusqu’à 200 milles (370 km) des côtes, sur laquelle l’Etat riverain a le
monopole de l’exploitation économique. La ZEE française compte plus de 10 millions
de km², ce qui la place au 2ème rang mondial derrière celle des Etats-Unis.
La présence de 40 000 soldats hors du territoire métropolitain contribue à la puissance
de la France. L’Afrique est au coeur du dispositif militaire français avec 1 100 soldats au
Sénégal, 4 000 soldats en Côte d’Ivoire, 2 500 hommes à Djibouti… Ces effectifs ont
facilité les interventions militaires françaises en Afrique depuis 1990, auxquelles il faut
ajouter les interventions des Casques bleus français dans plusieurs régions (Balkans,
Afghanistan…). Le passage à l’armée de métier est en partie lié à cette volonté
d’intervenir plus rapidement : en 1990-91, la France a du mal à envoyer 12 000 soldats
pour la Guerre du Golfe, d’où la décision de créer une armée de métier (en 1996).
B. Une puissance économique assez limitée
La France a connu une phase d’accroissement des échanges internationaux dans les
années 1990. C’est le résultat du choix de s’ouvrir aux échanges opéré à la fin des
années 1950, qui n’a jamais été remis en cause par la suite. On a assisté à un
accroissement continu de la part du commerce extérieur au sein du PIB : près de 9% en
1958, près de 15% en 1973, 23% en 1992 et 27% aujourd’hui. Ces échanges se font
surtout avec les pays européens et les Etats-Unis. La France est au 5ème rang mondial
pour les exportations de marchandises. Dans ce domaine, les points forts sont les
produits agricoles et agroalimentaires (2ème exportateur mondial) mais aussi
l’aéronautique ou le nucléaire. Dans le domaine des services (3ème exportateur du
monde), la France est la 1ère destination touristique mondiale avec plus de 77 millions
de visiteurs en 2002 et 15 milliards d’euros d’excédent.
• L’économie française est désormais l’une des plus extraverties du monde, que ce soit
dans le domaine des investissements à l’étranger (72% des IDE français vont dans les
pays de l’UE et 13 % vers les Etats-Unis) ou dans le domaine de l’accueil des
investissements étrangers. Elle est parmi les cinq premiers récepteurs d’IDE au monde ;
ils proviennent surtout de l’UE (72%) et des Etats-Unis (9%). La moitié des entreprises
françaises cotées en Bourse réalisent plus de 70% de leur chiffre d’affaires à l’étranger,
soit 4 fois plus qu’en 1990. La puissance économique française (6ème PIB mondial) fait
qu’elle est membre du G8, le sommet politique et économique qui réunit une fois par an
les chefs de l’exécutif des sept pays les plus industrialisés du monde plus la Russie.
• Mais, la puissance économique française a des limites. L’internationalisation de son
économie se traduit aussi par une expatriation croissante des talents, particulièrement en
direction des pays anglo-saxons (brain drain). L’Etat ne contrôle plus les capitaux. Le
capital des grandes firmes françaises est en partie aux mains d’investisseurs étrangers.
L’Etat cherche à s’adapter : les présidents de la République emmènent des chefs
d’entreprise dans leurs voyages pour leur permettre de signer de nouveaux contrats.
C. La francophonie: encore un élément de puissance ?
• Le français est aujourd’hui parlé par 115 à 160 millions de personnes dans le monde
(une trentaine d’Etats, surtout en Afrique noire). Mais le français est, avec l’anglais, la
seule véritable langue de communication internationale. La francophonie s’explique par
deux faits: la constitution d’un empire colonial à partir de la fin du XIXème siècle et la
nécessité de repenser les liens entre l’ancienne métropole et ses colonies désormais
émancipées, tout en résistant à la diffusion de l’anglais et du modèle anglo-saxon.
• On distingue plusieurs groupes de francophones : ceux dont le français est la langue
maternelle et officielle (Etats francophones européens et Québec), ceux dont le français
est la langue administrative (pays d’Afrique noire), et enfin les élites de certains pays
qui ont appris le français (anciennes colonies d’Asie du Sud-Est et du Maghreb).
La francophonie est la politique visant à défendre et à promouvoir la langue et la
culture françaises dans le monde. Elle a pris une tournure politique à partir de 1986,
date du premier sommet réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement de 51 pays
ayant en commun l’usage du français. Désormais, sont abordées des questions d’ordre
culturel et diplomatique au cours des sommets de la francophonie qui ont lieu tous les
deux ans. Certains Etats dont la population maîtrise le français (comme l’Algérie)
n’appartiennent pas à l’Organisation Internationale de la Francophonie. Peut-être
considèrent-ils que cette organisation est une forme de néocolonialisme ? Aux pays qui
souhaitent résister à l’uniformisation mondiale, l’Organisation Internationale de la
Francophonie montre que l’usage commun d’une langue crée des solidarités, fonde une
identité forte étayée par des valeurs partagées : la démocratie et les droits de l’Homme,
mais aussi la laïcité et la recherche d’un développement respectueux des aspirations
humaines et des fondements socioculturels des sociétés.
• Cette promotion du français hors de France est soutenue par une véritable diplomatie
culturelle, coordonnée par le ministère des Affaires étrangères. Elle peut s’appuyer ainsi
sur le réseau des Alliances françaises (associations privées installées dans de nombreux
pays qui enseignent la langue et la civilisation françaises) et sur des médias à vocation
internationale. L’AFP (Agence France Presse) diffuse des informations en français
grâce à des correspondants dans 135 pays. RFI (Radio France International) diffuse
dans le monde entier des émissions en français. TV5 monde est une chaîne francophone
par satellite, créée par les télévisions française, belge, suisse et canadienne ; France 24,
créée en 2006, est une chaîne d’information internationale continue.
Conclusion : Une puissance moyenne
• La politique de grandeur et la contestation de l’hégémonie des Etats-Unis, la francophonie,
les DROM-COM et l’Union européenne ont permis à la France de faire entendre sa voix.
Mais la possession d’un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, qui
donne à la France le droit de veto, constitue aussi un élément non négligeable de pouvoir. La
France ne peut se permettre d’adopter une attitude unilatérale dans le domaine de la politique
étrangère.
• Cela explique peut-être sa volonté de favoriser la gestion multilatérale des crises, comme ce
fut le cas lors de la crise irakienne en 2003 et de faire prévaloir le respect du droit sur la scène
internationale. Elle insiste sur des thèmes porteurs, comme celui des droits de l’homme et de
la démocratie. Elle est notamment à l’origine des résolutions de l’ONU créant les tribunaux
pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie (1993), le Rwanda (1995) et du projet de la
Cour pénale internationale.
jeudi 17 décembre 2009
LE NOUVEL ORDRE MONDIAL DEPUIS 1991
Partie II Les Relations internationales depuis 1945
Chapitre III. LES ANNEES 1990 et 2000 : NOUVEL ORDRE MONDIAL OU DESORDRE INTERNATIONAL ?
A. UN MONDE DEVENU plus INSTABLE
1°) L’éphémère renouveau de l’ONU et l’interventionnisme américain.
a) Le renouveau de l’ONU
· Pendant la guerre froide, l’ONU a été paralysée par le droit de veto des deux grands. A partir de 89-91, tel n’est plus le cas
· En 1991, G. Bush père déclare :
« Maintenant nous voyons apparaître un nouvel ordre international.(…) Un monde où les Nations unies, libérées de l’impasse de la guerre froide, sont en mesure de réaliser la vision historique que de leurs fondateurs. »
· Le rôle de l’ONU s’accroît et suscite l’espoir d’un monde nouveau
· Les EUA sont réticents à lui accorder un rôle de premier plan
· Les Puissances moyennes prônent en revanche le multilatéralisme
1. Le droit d’ingérence
· En 1988, l’ONU reconnaît le « droit d’ingérence humanitaire »
· L’ONU met en œuvre un droit d’ingérence qui permet à la communauté internationale d’intervenir sans prendre en compte la souveraineté des états pour éviter les drames humanitaires en portant secours aux populations en détresse ou aux minorités opprimées et menacées.
· Difficile mise en œuvre cependant faute de forces militaires suffisantes
2. Les interventions de l’ONU
2.1. La guerre du Golfe en 1991 illustre ce renouveau de l’ONU
· Le 2 Août 1990 l’armée irakienne envahit le Koweït, l’annexe, et le transforme en une province irakienne.
· Une résolution de l’ONU autorise le recours à la force et donc une intervention militaire pour restaurer la souveraineté du Koweït.
· L’URSS vote toutes les résolutions de l’ONU contre Saddam Hussein son ancien allié : la guerre froide est bien terminée.
· C’est donc bien la communauté internationale qui répond à l’agression irakienne
· Le 17 janvier 91 les EUA à la tête d’une coalition de 29 nations déclenchent l’opération « tempête du désert » avec des bombardements massifs de l’Irak puis une offensive terrestre victorieuse.
· La victoire est totale. l’Irak est placé sous embargo et doit détruire ses armes de destruction massive, nucléaires et chimiques, sou le contrôle de l’ONU
2.1. D’autres interventions de l’ONU suivent
· En 10 ans, l’ONU intervient dans plus de conflits régionaux qu’elle l’a fait pendant les 45 premières années de son existence.
· Intervention en Somalie en 1992, pour mettre fin à la guerre des clans et à la famine qui l’accompagne dans un pays totalement déstructuré
· Intervention au Rwanda en 1994 où la France est autorisée à employer « tous les moyens » pour faire cesser le génocide des tutsis par les Hutus (800 000 victimes et 2 millions de réfugiés au Congo)
· Intervention à Haïti en 1994 pour renverser le président Aristide et rétablir la démocratie
3. Les avancées du droit international
· En 1993, l’ONU crée le Tribunal Pénal pour l’ex-Yougoslavie (En 2001, le dirigeant serbe Milosevic, arrêté, est traduit devant la Haute Cour)
· En 1994, elle crée un Tribunal pour le Rwanda
· En 2002, une Cour pénale internationale est créée pour juger les individus coupables de crimes contre l’humanité mais ni les EUA, ni la Chine, ni les états du Proche Orient ne reconnaissent son autorité.
b) L’évolution de l’interventionnisme américain
1. L’interventionnisme assumé d’une présidence à l’autre, mais avec des nuances
· George Bush : politique réaliste, action des EUA en concertation avec leurs alliés, mais pas d’exportation des idéaux US (suspension des relations avec la Chine après le massacre de la place Tien An Men en 89 qui fait 700morts, mais les relations commerciales continuent)
· Bill Clinton : limiter le recours à la force, mener une diplomatie du négoce et de la négociation
· G.W. Bush : user de la supériorité militaire américaine et ne pas les laisser entraver par l’ONU, imposer la démocratie de l’extérieur
2. Une diplomatie de plus en plus unilatérale
1.1. Absence de rivalité pour les EUA à la surface du globe
· Les EUA ont désormais un statut d’hyperpuissance et aucun autre état du monde n’est en mesure de rivaliser avec eux.
· Russie affaiblie cantonnée dans un rôle régional : elle a même du mal à assumer sa doctrine de « l’étranger proche » formulée en 1993 (droit d’intervention dans l’espace correspondant à l’ancienne URSS)
· Chine en ascension mais tournée essentiellement sur des préoccupations de développement économique et social
· Japon, grande puissance économique mais toujours nain politique
· UE divisée sans véritable politique extérieure et de défense commune
1.2. Une volonté de protéger prioritairement les intérêts américains
· Sanctions unilatérales à l’encontre des pays qui selon les EUA menacent la paix du monde (embargo sur le commerce avec l’Iran ou la Libye)
· Refus de ratification d’accords internationaux :
· Refus du protocole de Kyoto de 1997 pour la réduction des gaz à effet de serre qui risquerait de pénaliser l’industrie américaine
· Refus de reconnaître la nouvelle Cour pénale internationale de 2002
3. Les interventions dans le monde
· Les EUA sont le plus souvent le bras armé de l’ONU (Somalie, Haïti)
· L’OTAN leur permet de conserver un rôle dans le maintien de l’ordre en Europe (conflit yougoslave : Bosnie et Kosovo)
2°) Des menaces nouvelles
a) Les replis identitaires : un monde de plus en plus éclaté
· La disparition du conflit idéologique entre libéralisme et communisme et les menaces réelles ou supposées d’uniformisation culturelle par la mondialisation ont fait resurgir au premier plan les préoccupations identitaires :
· Religieuses : cf. instrumentalisation de l’Islam par les intégristes, conflit entre Hindous et Pakistanais
· Nationalistes : cf. ex-Yougoslavie
· Ethniques : Afrique noire
· Linguistiques
· Le communautarisme, expression de ce repli identitaire est un véritable fléau
· Il se traduit par l’exclusion de l’autre et génère immanquablement de la violence.
· Il se traduit par l’affaiblissement des états, par l’implosion des états multiethniques, par la multiplication des guerres civiles
b) La prolifération des armes de destruction massive
1. Le marché des armes conventionnelles continue à bien se porter
· La multiplication des conflits pousse de nombreux états à dépenser davantage pour s’équiper (Moyen-Orient, Afrique)
· Nombre de dictatures dans le monde ont partie liée avec l’armée qui les soutient et maintient l’ordre ; elle est donc l’objet de toutes les attentions et des faveurs des dictateurs.
· Vente à bas prix par la Russie des équipements militaires classiques qu’elle ne peut plus entretenir en direction des pays pauvres
2. L’extension du risque nucléaire : le problème de la dissémination
· Exportation de chercheurs et de scientifiques largement mieux payés à l’étranger : dissémination des secrets et de la technologie nucléaire ?
· Possibilité de mise au point de « bombes sales »
· Officiellement il existe 5 puissances nucléaires : les cinq grands
· En réalité d’autres pays ont acquis l’arme nucléaire : Inde, Pakistan, Israël
· D’autres ont cherché (Irak) ou cherchent à l’obtenir : Iran, Corée du sud
3. La dissémination des armes chimiques et bactériologiques
· Technologie beaucoup moins sophistiquée que le nucléaire
· Armes de destruction massive des pays pauvres (Iran, Libye, Irak)
c) La permanence et l’aggravation de la menace terroriste
· Permanence : autrefois lié à l’extrême gauche (Brigades rouges italiennes, Bande à Bader en RFA) dans les années 70 ou au mouvement palestinien (Arafat ; attentat des JO de Munich, détournements d’avions…) ou à la guerre du Liban (prises d’otages) ou encore à l’action d’états terroristes (Libye de Kadhafi)
· Aggravation : dimension de plus en plus transnationale et montée de l’islamisme : (voir ci-dessous, dans le B. et le C.)
3°) La multiplication des conflits locaux dans le monde
a) Le conflit de l’ex-Yougoslavie : le retour de la guerre en Europe
· voir cours sur l’Europe de la construction européenne à la réunification :1945-2005
b) Le Proche et le Moyen-Orient : zone de turbulences et de tensions permanentes
· voir cours spécifique sur la question du Proche et du Moyen-Orient
c) Le conflit indopakistanais : un conflit récurrent.
d) l’Afrique déchirée
1. Une instabilité politique permanente
· Coups d’état fréquents : Mali 91, Niger 96 et 99, Congo-Brazzaville 1997
· Guerres civiles interminables (Sierra Leone, Libéria, Côte d’Ivoire, Nigeria, Soudan)
· Génocide de la minorité tutsie en 94 au Rwanda
· Racisme anti-blanc du régime du Zimbabwe
2. Sur toile de fond
· D’impuissance politique : incurie et corruption des gouvernements locaux, excès des dépenses militaires, dette paralysante
· De sous-développement endémique
· D’épidémie de SIDA et d’accroissement de la mortalité
B. LA CONTAGION DE L’ISLAMISME
· Quelques précisions de vocabulaire
· Le terme Islam : Il signifie « soumission » et constitue le nom de la religion qui se définit par la référence au Coran (Al Quram : la récitation) qui représente, selon les musulmans, la parole de Dieu transmise par l'Archange Gabriel au Prophète Mahomet, dernier des envoyés divins.
· Le terme « musulman » qualifie un adepte de l’islam.
· « L’Oumma » est la communauté des croyants : elle abolit les frontières des Etats au profit d'un espace géopolitique appartenant au peuple de Dieu.
· Ne pas confondre arabe et musulman : une grande majorité des arabes est de confession musulmane , tous les musulmans ne sont pas arabes.
· Le terme « islamiste » est synonyme d’intégrisme islamique, qu’il s’agisse d’un individu, d’un groupe ou d’un pays.
· Ce n'est pas une doctrine théologique mais un concept qui désigne l'utilisation politique de l'Islam.
· Il s’agit d’imposer à la Société et à l'Etat d'un pays le modèle rigoureux de l'Islam originel par la refonte des normes juridiques et politiques en vigueur en fonction de la Charia (loi islamique).
· Le terme « islamique » est ambigu : il est parfois synonyme de musulman, mais un régime islamique est en fait un régime islamiste…
· Le Fondamentalisme est la volonté du retour aux textes fondamentaux de l'Islam dans une lecture littérale
1°) La nature de l’islamisme : qu’est ce que l’islamisme ?
a) L’islamisme se veut une réponse à la faillite des idéologies antérieures
· Alternative à l’échec du nationalisme qui a assuré l’indépendance mais n’a pas apporté le développement.
· Alternative au panarabisme qui a totalement échoué lui aussi.
· Alternative au capitalisme et au matérialisme impie, avec un rejet tout aussi viscéral de la modernité culturelle qu’il engendre et qui balaye les valeurs traditionnelles.
· Alternative à la crise globale du communisme et à l’échec des voies socialistes de développement (cf. désastre économique de l’Algérie)
· La révolution islamique va couper les ponts avec les deux civilisations prises jusqu’alors pour modèle et cela va évidemment avoir un effet déstabilisateur sur le monde.
· L’islamisme considère avoir joué un rôle capital en Afghanistan dans l’effondrement de l’URSS et du communisme (L’armée rouge quitte l’Afghanistan en 89 et le mur de Berlin s’effondre quelques mois plus tard). Il s’agit donc ensuite de s’attaquer aux Etat-Unis, à Israël et à l’Occident.)
b) Un dangereux extrémisme religieux et politique
1. L’intégrisme islamique ou fondamentalisme islamique
· Il faut respecter scrupuleusement l’intégrité de la tradition islamique, lui rendre toute sa force, et s’en tenir à une interprétation littérale du Coran.
· La Charia, c’est à dire la loi islamique, doit être source de toute législation : non seulement le Coran doit régir le comportement religieux, mais il doit aussi constituer un code pour la vie sociale et politique, être en la matière la référence exclusive.
· L’islamisme est caractérisé par le fanatisme et l’intolérance et il porte donc en lui-même l’action violente et terroriste :
· Les ennemis de l’islam, les hérétiques et les infidèles doivent être éliminés par la guerre sainte, la « Jihad » : ou ils se convertissent ou il meurent.
· Aux martyrs de cette cause les imams promettent le paradis.
· L’islamisme est largement réactionnaire,
· La référence à la société mythique des premiers temps de l’Islam est constante : les islamistes se veulent les défenseurs des valeurs originelles de l’Islam
· Le rejet de la pensée scientifique est total, de même que celui de la démocratie et de la liberté considérées comme des inventions humaines contraires au Coran
· Sujétion totale des femmes,
· Rejet de la mixité, de l’alcool, du tabac, des jeux de hasard, de la musique, du cinéma
· L’antisémite est érigé en valeur fondamentale.
2. Une stratégie expansionniste
· Le prosélytisme est fondamental, la conversion, de gré ou de force, une nécessité absolue
· Une stratégie en trois temps
· Conquérir toutes les régions musulmanes pour y imposer l’intégrisme partout, en renversant les régimes dictatoriaux et corrompus considérés comme des ennemis de l’Islam (ennemi proche)
· Déstabiliser l’occident
· Par l’intermédiaire des communautés musulmanes qui y vivent en en prenant le contrôle (financement de mosquées, formation d’imams, associations caritatives et communautaristes locales)
· Par le terrorisme international et la guerre contre cet ennemi lointain : le Jihad
· Convertir l’Occident et le monde entier à l’islamisme pour instaurer partout des états islamiques sous l’autorité d’un califat mondial.
3. Une nouvelle forme de totalitarisme
· Après le communisme et le fascisme, l’islamisme constitue le troisième totalitarisme
· Mêmes pratiques dictatoriales et même absence de libertés
· Même pensée unique, même contrôle d’un parti unique, celui des religieux, sur l’état et la société
· Même usage de la terreur de masse comme moyen de gouvernement
· Même phraséologie révolutionnaire
· Même volonté de construire un homme nouveau
2°) L’expansion de l’intégrisme islamique
a) Un contexte porteur
· Développement sur fond de crise économique et sociale avec un chômage et un taux d’analphabétisme élevés
· Développement sur fond de sentiment d’humiliation du monde musulman, au moins dans le monde arabe, car ce n’est le cas ni en Turquie, ni en Extrême-Orient
· La corruption et l’autoritarisme des régimes politiques en place dans les pays musulmans interdisent toute forme opposition démocratique et la mosquée apparaît dès lors comme un refuge voire comme un espace de liberté.
· Opposition à Israël et aux EUA considérés comme le « grand Satan »
b) Des courants proches mais distincts
1. Le wahhabisme :
· Conception conservatrice, très dogmatique et particulièrement puritaine de l’Islam, mais sans contestation de l’ordre politique,
· En vigueur en Arabie, son berceau.
· Doctrine fondée par Abd Al Wahhab (1720-1792) censée être celle des "salafi" (successeurs de Mahomet)
· Les Wahhabites prônent le "tahrib" (la contrainte) pour imposer l’islam
2. Le Salafisme
2.1. Caractères d’ensemble
· De Salaf, ancêtre, il prône aussi le retour au chemin des ancêtres, aux valeurs les plus authentiques de l'Islam.
· Interprétation figée des textes sacrés, hostile à toute innovation.
· Il prend sa source dans le Wahhabisme mais il conteste l’ordre politique en place dans les pays musulmans.
2.2. Evolution et division
· Réformisme à l’origine (quant à ses méthodes bien sûr car réactionnaire sur le fond)
· « Les Frères musulmans »
· Association née en Égypte en 1927 qui introduit une véritable politisation de l’Islam et nourrit dès lors l’ensemble de la mouvance islamiste.
· Fondateur, Hasan al-Banna’ (grand père de Tarik Ramadan…)
· Essaimage dans l’ensemble du Proche-Orient arabe mais développement d’une organisation autonome et de stratégies spécifiques dans chacun des pays où ils se sont implantés.
· Essor du Jihadisme avec la guerre d’Afghanistan
· le Djihad qui, dans sa conception traditionnelle est d'abord un effort personnel et permanent que tout musulman doit faire sur soi-même pour se rapprocher de Dieu, devient pour le croyant un devoir personnel et impérieux de lutter contre les adversaires de sa religion.
· Le salafisme djihadiste est né au milieu des années 1980 en Afghanistan, à l’époque du djihad contre l’occupation soviétique
· Radicalisation avec refus de tout compromis avec les gouvernements qui n'obéissent pas aux vraies lois de l'Islam et appel à la guerre civile
· Evolution d’une stratégie de lutte contre l’ennemi proche (Jihad défini comme putsch armé) à une stratégie de lutte contre l’ennemi lointain (terrorisme et attentats-suicides)
· Exemples :
· Groupe « gama’a islamiyya » : stratégie de guérilla de proximité avec harcèlement et assassinats des représentants de l’autorité, des chrétiens égyptiens, des touristes, si possible israéliens.Le carnage de touristes à Louqsor en 97 coupe le groupe de ses derniers soutiens populaires
· Groupe Al Qaida : Ben Laden, le financier saoudien, et Zawahiri, l’idéologue égyptien (pour ce dernier, les jihadistes sont l’avant-garde éclairée et combattante de l’Oumma)
c) Les pôles de la subversion islamiste
1. Des états
· Dans le monde musulman chiite 3: l’Iran
· Une véritable révolution en 78-79 mobilisant les masses populaires deshéritées et les commerçants du bazar : c’est un cas unique car il n’y a aucun processus semblable dans le monde sunnite.
· Si l’ayatollah Khomeiny est mort en 1989, le régime a peu évolué depuis. Il souhaite constituer une espèce de croissant chiite de l’Iran au Liban en passant par l’Irak
· Dans le monde musulman sunnite4
· L’Afghanistan de 1996 à 2001
· L’extrémisme est poussé à son comble par le régime des talibans de 1996 à 2001, qui soutient activement le terrorisme international
· Mais le régime taliban, installé avec le soutien du pakistan et de l’Arabie Saoudite, et avec la bienveillance initiale des EUA, est démantelé par l’intervention américaine consécutive aux attentats du 11 septembre.
· L’Arabie saoudite est et reste le principal pôle subversif
· Allié des EUA : pétrole saoudien contre sécurité américaine
· Mais les dirigeants wahhabites financent les intégrismes musulmans et le terrorisme, qui se retourne aujourd’hui contre l’Arabie qui a ouvert la boîte de Pandore…. Ce sont aussi des capitaux saoudiens qui financent la plupart des mosquées en occident.
· De plus en plus d’états deviennent islamiques et appliquent strictement la charia
· Dans le monde arabe : Yemen, Libye …
· En Afrique noire :
· Le Soudan surtout : prise du pouvoir de Hassan El Tourabi en 1989 par un coup d’état ( plaque tournante du terrorisme international
· La Mauritanie aussi et expansion dans la zone sahélienne et destabilisation des états du golfe de Guinée ( Nigéria, Côte d’Ivoire …)
· En Asie méridionale :
· Pakistan (1977)
· Républiques d’Asie centrale issues de l’éclatement de l’URSS un peu plus tard.
2. Des mouvements d’opposition puissants dans les pays musulmans non-islamiques
2.1. Une vigoureuse répression par les forces politiques au pouvoir
· En Syrie en 1982, révolte des « Frères musulmans » de la ville de Hama en Syrie en 1982 (répression violente de Assad : 20 000 morts …)
· En Egypte les « Frères musulmans » assassinent le Président Sadate et multiplient les attentats pour faire fuir les étrangers et notamment les touristes, mais aussi contre le président Moubarak ; répression par le pouvoir
· En Algérie,
· le FIS5, travaille beaucoup à la base en menant un processus d’islamisation par le bas et en relayant les carences de l’état en matière d’éducation de santé…Il remporte les élections en 1992, mais est dissous par le pouvoir militaire qui impose l’état d’urgence.
· Les GIA6 prennent alors le relais en pratiquant le terrorisme. C’est alors une véritable guerre civile de dix années qui ensanglante l’Algérie qui bascule dans l’horreur : plus de 100 000 morts !
· En Tunisie, le président au pouvoir, mène une politique répressive efficace contre les mouvements islamistes.
2.2. Globalement, échec des jihad locaux.
· L’objectif premier du terrorisme, la conquête du pouvoir dans les pays musulmans grâce à la mobilisation des masses de l’Oumma galvanisés par l’audace du Jihad relayée par les moyens modernes de communication n’a pas réussi : aucune mobilisation conjointe des masses de la jeunesse urbaine pauvre, de la classe moyenne pieuse et de l’intelligentsia islamique n’en est résultée pour s’emparer du pouvoir
· La lutte des EUA contre le terrorisme a au contraire affaibli les positions des extrémistes ( perte de l’Afghanistan, affaiblissement des réseaux, pressions sur l’Arabie saoudite)
3. Une volonté expansionniste manifeste,
· Particulièrement visible en Afrique subsaharienne, notamment au Soudan et au Nigeria
· A partir de la Tchétchénie : en Russie, la Tchétchénie est devenue une plaque tournante de l’islamisme et du terrorisme international, mais elle se heurte à l’intransigeance totale de Moscou et à la fermeté de son président V. Poutine.
· En Bosnie, lors de l’éclatement de la Yougoslavie, véritable guerre qui aboutit au partage etnique du pays entre serbes et bosniaques.
· A partir des quartiers de banlieue en Occident
3°) Le terrorisme islamiste.
a) Une organisation en réseau.
· Des réseaux transnationaux clandestins et cloisonnés.
· Exemple : Al-Qaïda7, financé par le milliardaire d’origine saoudienne Ben Laden, qui est à l’origine de multiples attentats, surtout contre les intérêts américains et saoudiens.
· 1996 : déclaration de jihad contre les américains
· Fev 98 : Déclaration Ben Laden et Zawahiri :
· Création d’un « front islamiste international contre les croisés et les juifs »
· Appel à « tuer les Américains et les juifs partout où ils se trouvent »
· Le Londonistan désigne différents groupes et leaders islamistes qui sont venus s’installer dans la capitale britannique, des frères musulmans jusqu’aux salafistes djihadistes : c’est l’un des centres de l’internationale islamiste.
· Les groupes islamistes
· Développent dans un premier temps des activités caritatives pour étendre leur influence
· Noyautent communautés et mosquées avec des imams autoproclamés
· Utilisent les avantages et les faiblesses des démocraties occidentales et leur esprit tolérance pour s’épanouir et les combattre en vue de leur disparition.
· Une excellente maîtrise des techniques de communication modernes
· Les chaînes de télévision comme Al Jezeera, chaîne du Qatar, et autres chaînes arabes par satellite (cf diffusion de cassettes audio ou video de groupes terroristes)
· Une multitude de sites internet islamistes
· Transferts financiers par internet
· En fait une multitude de mouvements souvent hostiles les uns aux autres, une nébuleuse avec des rivalités internes nombreuses.
b) Le terrorisme instrument du jihad :
1. L’arme de l’attentat suicide.
1.1. Le terrorisme anti-juif
· Le Hezbollah libanais est créé en 82 à l’instigation des services secrets iraniens pour devenir leur bras armé dans le désordre libanais ; prises d’otages, attentats suicides.
· La méthode de l’attentat suicide est alors transposée en Cisjordanie et à Gaza par l’intermédiaire du Hamas et du Jihad islamique, et il est tourné contre les Juifs. La lutte palestinienne se transforme en jihad avec la seconde intifada nommé par Arafat « intifada d’Al Aqsa » en septembre 2000, véritable aubaine pour les jihadises.
· Le terrorisme anti-juif en Palestine a un côté immédiat et passionnel, face à un ennemi proche clairement identifié. Il recrute dans les milieux populaires
1.2. Le terrorisme anti-américain : la lutte s’étend à l’ennemi lointain
· Premier attentat contre le world trade center en 93
· Attentats contre les ambassades américaines à Dar-Es-Salam en Tanzanie et à Nairobi au Kenya le 7 août 98
· Attentat contre le navire de guerre USS Cole dans le port d’Aden
2. Le tournant du 11 septembre
· C’est différent pour le 11 septembre :
· L’ennemi est lointain, construit, figuré par le raisonnement de « l’élite » et des « intellectuels islamistes » ;
· Les futurs « martyrs » doivent être préparés soigneusement à cette tâche et leur volonté doit être totalement sous contrôle, comme dans une secte, ce qui suppose le lavage de cerveau qui va métamorphoser des étudiants ou intellectuels de classes moyennes en tueurs fanatisés travaillant dans la durée jusqu’au moment décisif.
· Les préparatifs sont de longue durée et nécessitent une organisation très stricte et performante.
· Utilisation de la soumission, de la sujétion au chef, avec obéissance absolue, dans tous les cas.
Conclusion partielle
· Cette montée de l’intégrisme est d’autant plus importante qu’elle est largement centrée sur le Moyen-Orient, c'est-à-dire dans une région très turbulente de la planète.
· Il s’agit à la fois d’un nouveau modèle de totalitarisme et d’une menace pour la paix dans la mesure où cette perversion de l’Islam est synonyme d’intolérance, de violence et d’expansionnisme… Il contribue donc largement à accentuer le désordre contemporain.
C. L’Après 11 septembre 2001.
1°) Les attentats du mardi 11 septembre 2001
a) Des attentats en série au cœur même des EUA,
· Ils sont perpétrés par Al Qaïda
· Ils touchent les symboles de la puissance américaine, au plan économique comme au plan politique, dans les deux capitales du pays
· Ils s’enchaînent en quelques heures seulement
· Les deux tours du World Trade Center de New-York, les « Twin Towers », sont percutées par deux avions de ligne détournés par des commandos kamikazes, à 8 h. 48 pour la première, 18 minutes plus tard pour la seconde. Les caméras de télévision retransmettent en direct la catastrophe. Elles s’effondrent quelques temps plus tard, à 9 h 55 pour la tour sud, à 10 h. 35 pour la tour nord
· C’est un symbole de la puissance américaine qui est frappé
· C’est aussi un symbole de l’Occident, de ses activités puisqu’une quarantaine de nationalités du monde industrialisé s’y côtoyaient
· A 9 h.47, un troisième avion s’abat sur le Pentagone à Washington et une partie du bâtiment s’embrase
· A 10 h.10 un quatrième avion s’écrase à Pittsburgh, suite au soulèvement des passagers, mais il était probablement destiné à Washington (Capitole : siège du Congrès)
b) Un bilan tragique
· 3000 morts environ, tous innocents !
· Un choc pire que Pearl Harbor
· Car ce n’est pas un acte de guerre d’un état contre un autre état et sur un objectif militaire : un petit groupe déterminé peut désormais acquérir et mettre en œuvre une capacité de destruction autrefois réservée aux seuls Etats
· Car jamais auparavant les EUA n’avaient été frappés sur leur propre territoire métropolitain : pour la première fois ils éprouvent un sentiment de vulnérabilité, leur territoire n’est plus un sanctuaire préservé.
c) Un tournant dans la politique américaine
· « America first » et « Sécurité d’abord » : les deux slogans qui inspirent la politique américaine depuis le 11 septembre.
1. « Sécurité d’abord » Les EUA s’estiment en état de guerre contre le terrorisme
· La seule réponse possible aux attentats est de frapper les ennemis potentiels des EUA là où ils sont installés.
· Les EUA dénoncent les états voyous et déclarent la guerre à « l’Axe du Mal » (Corée du Nord, Iran, Irak)
· Ils adoptent le principe de la « guerre préventive » indispensable selon eux pour prévenir de nouveaux attentats du type 11 septembre
2. « America first » : l’Amérique en premier
· Il s’agit pour eux de défendre unilatéralement leurs intérêts sans se soucier de l’approbation internationale,
· Ils entendent cependant regrouper autour d’eux des alliés s’alignant sur leur politique prétendant défendre un modèle de civilisation. En fait la politique américaine repose largement sur la thèse du « choc des civilisations » développée par Huntington et le courant néoconservateur américain (avec une analyse de même nature que celle des islamistes : la guerre inévitable)
2°) Les réponses militaires américaines : de l’Afghanistan à l’Irak
a) La guerre d’Afghanistan : 2001
· Riposte aux attentats revendiqués par Ben Laden qui s’abrite en Afghanistan avec la complicité du régime islamiste des talibans.
· Décembre 2001 : intervention militaire de quelques semaines, avec un très large soutien international
· Le régime des talibans est renversé, mais Ben Laden s’échappe et disparaît…
· Un gouvernement provisoire est mis en place et une force de l’ONU s’efforce de garantir la sécurité sur place, mais celle-ci persiste cependant et les rivalités tribales n’arrangent rien
b) La guerre d’Irak : 2003
· Sous le prétexte que l’Irak de Saddam Hussein disposerait d’armes de destruction massive menaçant les EUA et l’Occident et soutiendrait Al-Qaïda, le Pt Bush décide de s’attaquer ensuite à l’Irak.
· L’opinion internationale est très divisée sur l’opportunité d’une telle intervention
· Les EUA peuvent compter sur le soutien sans faille de la GB, sur celui de l’Espagne, de l’Italie, de la Pologne. 34 pays participent à la coalition sous égide américaine
· Ils se heurtent à l’opposition de la France, de l’Allemagne et de la Russie qui estiment qu’il faut faire prévaloir la diplomatie et l’ONU et ainsi tenter d’éviter la guerre.
· En fait il n’existe aucune arme de destruction massive en Irak …et il n’y a pas davantage de liens entre Saddam Hussein et Ben tenu : ce n’est là qu’une vaste entreprise d’intoxication par la propagande !... Un énorme mensonge et rien d’autre !
· Un rapide succès militaire :
· Mars 2003, attaque de l’Irak par une coalition militaire essentiellement américano-anglaise, dont la supériorité technologique est écrasante.
· Bagdad tombe aux mains des Américains le 9 avril après trois semaines de combat et le régime de Saddam Hussein s’effondre complètement.
· Ce dernier est capturé en décembre 2003
c) Les limites de la réponse militaire américaine
1. En Irak, c’est rapidement le désordre le plus total : l’enlisement n’est pas à exclure.
· La défaite du régime a en fait entraîné la dislocation totale de l’état et de l’administration ! C’est donc l’anarchie et les seules structures qui subsistent sont donc des structures religieuses qui se radicalisent …
· Incapacité des EUA à rétablir la situation économique, difficulté à instaurer la démocratie malgré le succès des élections du début 2005, difficulté à surmonter les rivalités entre chiites, sunnites et kurdes.
· Insécurité permanente du fait de la multiplication des attentats et des prises d’otages en Irak, car l’intervention américaine est considérée comme une nouvelle humiliation pour les Arabes et elle attire les terroristes et islamistes du monde entier, notamment le Jordanien Al-Zarkaoui, émule de Ben Laden
2. Le réseau Ben laden est très affaibli mais le terrorisme international continue,
· Il s’exerce d’une manière plus localisée mais toujours très spectaculaire:
· Dans un premier temps, attentats peu efficaces qui tuent surtout des musulmans ce qui déprécie l’image des salafistes jihadistes (Bali 2002, Casablanca 2003, Ryad 2003, Istanboul 2003)
· L’attentat de Madrid (2 ans ½ après le 11 septembre) constitue une reprise en main des opérations par des professionnels d’Al Qaida.
3. Les difficultés américaines dans la lutte contre le terrorisme
· Difficulté pour les EUA à identifier Al Qaida car c’est un réseau dont le centre est impalpable et non pas un état comme auparavant l’URSS ;
· Dans un premier temps c’est la destruction de la base afghane qui est privilégiée, puis pressions sur l’Arabie Saoudite, puis élimination de l’état voyou de Saddam Hussein.
· Cette stratégie est opérationnelle mais elle manque son objet : pas d’éradication d’ Al Qaida malgré son considérable affaiblissement
· Difficulté pour les EUA à identifier un ennemi qui ne se déclare pas, ne revendique rien, s’efforce de se fondre dans la masse des musulmans.
Conclusion
En 2005, bien des incertitudes encore, mais quelques germes d’optimisme
· La démocratie est susceptible de progresser au proche-Orient : élections libres en Irak, élections libres en Palestine après la mort d’Arafat, promesse d’élection présidentielle pluraliste en Egypte, renaissance d’un espoir de paix entre Israël et la palestine, hostilité des Libanais à l’occupation syrienne de leur pays… sans compter l’arrêt antérieur de la guerre civile en Algérie. Mais les hypothèques sur l’avenir restent très lourdes : Irak, Iran, Arabie
· Le salafisme jihadiste reste très dangereux mais le « Jihad » a aussi suscité la « Fitna » : division du monde musulman, chaos et affaiblissement et force est de constater que dans l’histoire contemporaine, le terrorisme n’a jamais réussi à mobiliser les masses et à l’emporter…
Le XXème siècle a vu se développer deux totalitarismes avec le fascisme et le communisme. Il fallut la secondce guerre mondiale pour éradiquer le premier, près d’un demi-siècle pour que le second s’effondre. Mais c’est à ce moment là que se développe une nouvelle menace totalitaire avec l’islamisme qui constitue une véritable déclaration de guerre et une menace sur la démocratie. Du devenir de cette menace dépend cependant d’abord le destin du monde musulman : progrès ou irrémédiable déclin ? En dépend aussi la paix à la surface du globe.
Le XXIème siècle semble devoir être celui de nouveaux géants. L’hyperpuissance américaine est désormais la seule à exister. De nouveaux pôles de puissance se développent rapidement au premier rang desquels la Chine, et dans une moindre mesure l’Inde. Quelle place l’Europe saura-t-elle trouver à côté de ces géants ? Mais le XXIème siècle, c’est aussi celui de défis considérables pour la planète, notamment celui du développement et celui de l’environnement.
Chapitre III. LES ANNEES 1990 et 2000 : NOUVEL ORDRE MONDIAL OU DESORDRE INTERNATIONAL ?
A. UN MONDE DEVENU plus INSTABLE
1°) L’éphémère renouveau de l’ONU et l’interventionnisme américain.
a) Le renouveau de l’ONU
· Pendant la guerre froide, l’ONU a été paralysée par le droit de veto des deux grands. A partir de 89-91, tel n’est plus le cas
· En 1991, G. Bush père déclare :
« Maintenant nous voyons apparaître un nouvel ordre international.(…) Un monde où les Nations unies, libérées de l’impasse de la guerre froide, sont en mesure de réaliser la vision historique que de leurs fondateurs. »
· Le rôle de l’ONU s’accroît et suscite l’espoir d’un monde nouveau
· Les EUA sont réticents à lui accorder un rôle de premier plan
· Les Puissances moyennes prônent en revanche le multilatéralisme
1. Le droit d’ingérence
· En 1988, l’ONU reconnaît le « droit d’ingérence humanitaire »
· L’ONU met en œuvre un droit d’ingérence qui permet à la communauté internationale d’intervenir sans prendre en compte la souveraineté des états pour éviter les drames humanitaires en portant secours aux populations en détresse ou aux minorités opprimées et menacées.
· Difficile mise en œuvre cependant faute de forces militaires suffisantes
2. Les interventions de l’ONU
2.1. La guerre du Golfe en 1991 illustre ce renouveau de l’ONU
· Le 2 Août 1990 l’armée irakienne envahit le Koweït, l’annexe, et le transforme en une province irakienne.
· Une résolution de l’ONU autorise le recours à la force et donc une intervention militaire pour restaurer la souveraineté du Koweït.
· L’URSS vote toutes les résolutions de l’ONU contre Saddam Hussein son ancien allié : la guerre froide est bien terminée.
· C’est donc bien la communauté internationale qui répond à l’agression irakienne
· Le 17 janvier 91 les EUA à la tête d’une coalition de 29 nations déclenchent l’opération « tempête du désert » avec des bombardements massifs de l’Irak puis une offensive terrestre victorieuse.
· La victoire est totale. l’Irak est placé sous embargo et doit détruire ses armes de destruction massive, nucléaires et chimiques, sou le contrôle de l’ONU
2.1. D’autres interventions de l’ONU suivent
· En 10 ans, l’ONU intervient dans plus de conflits régionaux qu’elle l’a fait pendant les 45 premières années de son existence.
· Intervention en Somalie en 1992, pour mettre fin à la guerre des clans et à la famine qui l’accompagne dans un pays totalement déstructuré
· Intervention au Rwanda en 1994 où la France est autorisée à employer « tous les moyens » pour faire cesser le génocide des tutsis par les Hutus (800 000 victimes et 2 millions de réfugiés au Congo)
· Intervention à Haïti en 1994 pour renverser le président Aristide et rétablir la démocratie
3. Les avancées du droit international
· En 1993, l’ONU crée le Tribunal Pénal pour l’ex-Yougoslavie (En 2001, le dirigeant serbe Milosevic, arrêté, est traduit devant la Haute Cour)
· En 1994, elle crée un Tribunal pour le Rwanda
· En 2002, une Cour pénale internationale est créée pour juger les individus coupables de crimes contre l’humanité mais ni les EUA, ni la Chine, ni les états du Proche Orient ne reconnaissent son autorité.
b) L’évolution de l’interventionnisme américain
1. L’interventionnisme assumé d’une présidence à l’autre, mais avec des nuances
· George Bush : politique réaliste, action des EUA en concertation avec leurs alliés, mais pas d’exportation des idéaux US (suspension des relations avec la Chine après le massacre de la place Tien An Men en 89 qui fait 700morts, mais les relations commerciales continuent)
· Bill Clinton : limiter le recours à la force, mener une diplomatie du négoce et de la négociation
· G.W. Bush : user de la supériorité militaire américaine et ne pas les laisser entraver par l’ONU, imposer la démocratie de l’extérieur
2. Une diplomatie de plus en plus unilatérale
1.1. Absence de rivalité pour les EUA à la surface du globe
· Les EUA ont désormais un statut d’hyperpuissance et aucun autre état du monde n’est en mesure de rivaliser avec eux.
· Russie affaiblie cantonnée dans un rôle régional : elle a même du mal à assumer sa doctrine de « l’étranger proche » formulée en 1993 (droit d’intervention dans l’espace correspondant à l’ancienne URSS)
· Chine en ascension mais tournée essentiellement sur des préoccupations de développement économique et social
· Japon, grande puissance économique mais toujours nain politique
· UE divisée sans véritable politique extérieure et de défense commune
1.2. Une volonté de protéger prioritairement les intérêts américains
· Sanctions unilatérales à l’encontre des pays qui selon les EUA menacent la paix du monde (embargo sur le commerce avec l’Iran ou la Libye)
· Refus de ratification d’accords internationaux :
· Refus du protocole de Kyoto de 1997 pour la réduction des gaz à effet de serre qui risquerait de pénaliser l’industrie américaine
· Refus de reconnaître la nouvelle Cour pénale internationale de 2002
3. Les interventions dans le monde
· Les EUA sont le plus souvent le bras armé de l’ONU (Somalie, Haïti)
· L’OTAN leur permet de conserver un rôle dans le maintien de l’ordre en Europe (conflit yougoslave : Bosnie et Kosovo)
2°) Des menaces nouvelles
a) Les replis identitaires : un monde de plus en plus éclaté
· La disparition du conflit idéologique entre libéralisme et communisme et les menaces réelles ou supposées d’uniformisation culturelle par la mondialisation ont fait resurgir au premier plan les préoccupations identitaires :
· Religieuses : cf. instrumentalisation de l’Islam par les intégristes, conflit entre Hindous et Pakistanais
· Nationalistes : cf. ex-Yougoslavie
· Ethniques : Afrique noire
· Linguistiques
· Le communautarisme, expression de ce repli identitaire est un véritable fléau
· Il se traduit par l’exclusion de l’autre et génère immanquablement de la violence.
· Il se traduit par l’affaiblissement des états, par l’implosion des états multiethniques, par la multiplication des guerres civiles
b) La prolifération des armes de destruction massive
1. Le marché des armes conventionnelles continue à bien se porter
· La multiplication des conflits pousse de nombreux états à dépenser davantage pour s’équiper (Moyen-Orient, Afrique)
· Nombre de dictatures dans le monde ont partie liée avec l’armée qui les soutient et maintient l’ordre ; elle est donc l’objet de toutes les attentions et des faveurs des dictateurs.
· Vente à bas prix par la Russie des équipements militaires classiques qu’elle ne peut plus entretenir en direction des pays pauvres
2. L’extension du risque nucléaire : le problème de la dissémination
· Exportation de chercheurs et de scientifiques largement mieux payés à l’étranger : dissémination des secrets et de la technologie nucléaire ?
· Possibilité de mise au point de « bombes sales »
· Officiellement il existe 5 puissances nucléaires : les cinq grands
· En réalité d’autres pays ont acquis l’arme nucléaire : Inde, Pakistan, Israël
· D’autres ont cherché (Irak) ou cherchent à l’obtenir : Iran, Corée du sud
3. La dissémination des armes chimiques et bactériologiques
· Technologie beaucoup moins sophistiquée que le nucléaire
· Armes de destruction massive des pays pauvres (Iran, Libye, Irak)
c) La permanence et l’aggravation de la menace terroriste
· Permanence : autrefois lié à l’extrême gauche (Brigades rouges italiennes, Bande à Bader en RFA) dans les années 70 ou au mouvement palestinien (Arafat ; attentat des JO de Munich, détournements d’avions…) ou à la guerre du Liban (prises d’otages) ou encore à l’action d’états terroristes (Libye de Kadhafi)
· Aggravation : dimension de plus en plus transnationale et montée de l’islamisme : (voir ci-dessous, dans le B. et le C.)
3°) La multiplication des conflits locaux dans le monde
a) Le conflit de l’ex-Yougoslavie : le retour de la guerre en Europe
· voir cours sur l’Europe de la construction européenne à la réunification :1945-2005
b) Le Proche et le Moyen-Orient : zone de turbulences et de tensions permanentes
· voir cours spécifique sur la question du Proche et du Moyen-Orient
c) Le conflit indopakistanais : un conflit récurrent.
d) l’Afrique déchirée
1. Une instabilité politique permanente
· Coups d’état fréquents : Mali 91, Niger 96 et 99, Congo-Brazzaville 1997
· Guerres civiles interminables (Sierra Leone, Libéria, Côte d’Ivoire, Nigeria, Soudan)
· Génocide de la minorité tutsie en 94 au Rwanda
· Racisme anti-blanc du régime du Zimbabwe
2. Sur toile de fond
· D’impuissance politique : incurie et corruption des gouvernements locaux, excès des dépenses militaires, dette paralysante
· De sous-développement endémique
· D’épidémie de SIDA et d’accroissement de la mortalité
B. LA CONTAGION DE L’ISLAMISME
· Quelques précisions de vocabulaire
· Le terme Islam : Il signifie « soumission » et constitue le nom de la religion qui se définit par la référence au Coran (Al Quram : la récitation) qui représente, selon les musulmans, la parole de Dieu transmise par l'Archange Gabriel au Prophète Mahomet, dernier des envoyés divins.
· Le terme « musulman » qualifie un adepte de l’islam.
· « L’Oumma » est la communauté des croyants : elle abolit les frontières des Etats au profit d'un espace géopolitique appartenant au peuple de Dieu.
· Ne pas confondre arabe et musulman : une grande majorité des arabes est de confession musulmane , tous les musulmans ne sont pas arabes.
· Le terme « islamiste » est synonyme d’intégrisme islamique, qu’il s’agisse d’un individu, d’un groupe ou d’un pays.
· Ce n'est pas une doctrine théologique mais un concept qui désigne l'utilisation politique de l'Islam.
· Il s’agit d’imposer à la Société et à l'Etat d'un pays le modèle rigoureux de l'Islam originel par la refonte des normes juridiques et politiques en vigueur en fonction de la Charia (loi islamique).
· Le terme « islamique » est ambigu : il est parfois synonyme de musulman, mais un régime islamique est en fait un régime islamiste…
· Le Fondamentalisme est la volonté du retour aux textes fondamentaux de l'Islam dans une lecture littérale
1°) La nature de l’islamisme : qu’est ce que l’islamisme ?
a) L’islamisme se veut une réponse à la faillite des idéologies antérieures
· Alternative à l’échec du nationalisme qui a assuré l’indépendance mais n’a pas apporté le développement.
· Alternative au panarabisme qui a totalement échoué lui aussi.
· Alternative au capitalisme et au matérialisme impie, avec un rejet tout aussi viscéral de la modernité culturelle qu’il engendre et qui balaye les valeurs traditionnelles.
· Alternative à la crise globale du communisme et à l’échec des voies socialistes de développement (cf. désastre économique de l’Algérie)
· La révolution islamique va couper les ponts avec les deux civilisations prises jusqu’alors pour modèle et cela va évidemment avoir un effet déstabilisateur sur le monde.
· L’islamisme considère avoir joué un rôle capital en Afghanistan dans l’effondrement de l’URSS et du communisme (L’armée rouge quitte l’Afghanistan en 89 et le mur de Berlin s’effondre quelques mois plus tard). Il s’agit donc ensuite de s’attaquer aux Etat-Unis, à Israël et à l’Occident.)
b) Un dangereux extrémisme religieux et politique
1. L’intégrisme islamique ou fondamentalisme islamique
· Il faut respecter scrupuleusement l’intégrité de la tradition islamique, lui rendre toute sa force, et s’en tenir à une interprétation littérale du Coran.
· La Charia, c’est à dire la loi islamique, doit être source de toute législation : non seulement le Coran doit régir le comportement religieux, mais il doit aussi constituer un code pour la vie sociale et politique, être en la matière la référence exclusive.
· L’islamisme est caractérisé par le fanatisme et l’intolérance et il porte donc en lui-même l’action violente et terroriste :
· Les ennemis de l’islam, les hérétiques et les infidèles doivent être éliminés par la guerre sainte, la « Jihad » : ou ils se convertissent ou il meurent.
· Aux martyrs de cette cause les imams promettent le paradis.
· L’islamisme est largement réactionnaire,
· La référence à la société mythique des premiers temps de l’Islam est constante : les islamistes se veulent les défenseurs des valeurs originelles de l’Islam
· Le rejet de la pensée scientifique est total, de même que celui de la démocratie et de la liberté considérées comme des inventions humaines contraires au Coran
· Sujétion totale des femmes,
· Rejet de la mixité, de l’alcool, du tabac, des jeux de hasard, de la musique, du cinéma
· L’antisémite est érigé en valeur fondamentale.
2. Une stratégie expansionniste
· Le prosélytisme est fondamental, la conversion, de gré ou de force, une nécessité absolue
· Une stratégie en trois temps
· Conquérir toutes les régions musulmanes pour y imposer l’intégrisme partout, en renversant les régimes dictatoriaux et corrompus considérés comme des ennemis de l’Islam (ennemi proche)
· Déstabiliser l’occident
· Par l’intermédiaire des communautés musulmanes qui y vivent en en prenant le contrôle (financement de mosquées, formation d’imams, associations caritatives et communautaristes locales)
· Par le terrorisme international et la guerre contre cet ennemi lointain : le Jihad
· Convertir l’Occident et le monde entier à l’islamisme pour instaurer partout des états islamiques sous l’autorité d’un califat mondial.
3. Une nouvelle forme de totalitarisme
· Après le communisme et le fascisme, l’islamisme constitue le troisième totalitarisme
· Mêmes pratiques dictatoriales et même absence de libertés
· Même pensée unique, même contrôle d’un parti unique, celui des religieux, sur l’état et la société
· Même usage de la terreur de masse comme moyen de gouvernement
· Même phraséologie révolutionnaire
· Même volonté de construire un homme nouveau
2°) L’expansion de l’intégrisme islamique
a) Un contexte porteur
· Développement sur fond de crise économique et sociale avec un chômage et un taux d’analphabétisme élevés
· Développement sur fond de sentiment d’humiliation du monde musulman, au moins dans le monde arabe, car ce n’est le cas ni en Turquie, ni en Extrême-Orient
· La corruption et l’autoritarisme des régimes politiques en place dans les pays musulmans interdisent toute forme opposition démocratique et la mosquée apparaît dès lors comme un refuge voire comme un espace de liberté.
· Opposition à Israël et aux EUA considérés comme le « grand Satan »
b) Des courants proches mais distincts
1. Le wahhabisme :
· Conception conservatrice, très dogmatique et particulièrement puritaine de l’Islam, mais sans contestation de l’ordre politique,
· En vigueur en Arabie, son berceau.
· Doctrine fondée par Abd Al Wahhab (1720-1792) censée être celle des "salafi" (successeurs de Mahomet)
· Les Wahhabites prônent le "tahrib" (la contrainte) pour imposer l’islam
2. Le Salafisme
2.1. Caractères d’ensemble
· De Salaf, ancêtre, il prône aussi le retour au chemin des ancêtres, aux valeurs les plus authentiques de l'Islam.
· Interprétation figée des textes sacrés, hostile à toute innovation.
· Il prend sa source dans le Wahhabisme mais il conteste l’ordre politique en place dans les pays musulmans.
2.2. Evolution et division
· Réformisme à l’origine (quant à ses méthodes bien sûr car réactionnaire sur le fond)
· « Les Frères musulmans »
· Association née en Égypte en 1927 qui introduit une véritable politisation de l’Islam et nourrit dès lors l’ensemble de la mouvance islamiste.
· Fondateur, Hasan al-Banna’ (grand père de Tarik Ramadan…)
· Essaimage dans l’ensemble du Proche-Orient arabe mais développement d’une organisation autonome et de stratégies spécifiques dans chacun des pays où ils se sont implantés.
· Essor du Jihadisme avec la guerre d’Afghanistan
· le Djihad qui, dans sa conception traditionnelle est d'abord un effort personnel et permanent que tout musulman doit faire sur soi-même pour se rapprocher de Dieu, devient pour le croyant un devoir personnel et impérieux de lutter contre les adversaires de sa religion.
· Le salafisme djihadiste est né au milieu des années 1980 en Afghanistan, à l’époque du djihad contre l’occupation soviétique
· Radicalisation avec refus de tout compromis avec les gouvernements qui n'obéissent pas aux vraies lois de l'Islam et appel à la guerre civile
· Evolution d’une stratégie de lutte contre l’ennemi proche (Jihad défini comme putsch armé) à une stratégie de lutte contre l’ennemi lointain (terrorisme et attentats-suicides)
· Exemples :
· Groupe « gama’a islamiyya » : stratégie de guérilla de proximité avec harcèlement et assassinats des représentants de l’autorité, des chrétiens égyptiens, des touristes, si possible israéliens.Le carnage de touristes à Louqsor en 97 coupe le groupe de ses derniers soutiens populaires
· Groupe Al Qaida : Ben Laden, le financier saoudien, et Zawahiri, l’idéologue égyptien (pour ce dernier, les jihadistes sont l’avant-garde éclairée et combattante de l’Oumma)
c) Les pôles de la subversion islamiste
1. Des états
· Dans le monde musulman chiite 3: l’Iran
· Une véritable révolution en 78-79 mobilisant les masses populaires deshéritées et les commerçants du bazar : c’est un cas unique car il n’y a aucun processus semblable dans le monde sunnite.
· Si l’ayatollah Khomeiny est mort en 1989, le régime a peu évolué depuis. Il souhaite constituer une espèce de croissant chiite de l’Iran au Liban en passant par l’Irak
· Dans le monde musulman sunnite4
· L’Afghanistan de 1996 à 2001
· L’extrémisme est poussé à son comble par le régime des talibans de 1996 à 2001, qui soutient activement le terrorisme international
· Mais le régime taliban, installé avec le soutien du pakistan et de l’Arabie Saoudite, et avec la bienveillance initiale des EUA, est démantelé par l’intervention américaine consécutive aux attentats du 11 septembre.
· L’Arabie saoudite est et reste le principal pôle subversif
· Allié des EUA : pétrole saoudien contre sécurité américaine
· Mais les dirigeants wahhabites financent les intégrismes musulmans et le terrorisme, qui se retourne aujourd’hui contre l’Arabie qui a ouvert la boîte de Pandore…. Ce sont aussi des capitaux saoudiens qui financent la plupart des mosquées en occident.
· De plus en plus d’états deviennent islamiques et appliquent strictement la charia
· Dans le monde arabe : Yemen, Libye …
· En Afrique noire :
· Le Soudan surtout : prise du pouvoir de Hassan El Tourabi en 1989 par un coup d’état ( plaque tournante du terrorisme international
· La Mauritanie aussi et expansion dans la zone sahélienne et destabilisation des états du golfe de Guinée ( Nigéria, Côte d’Ivoire …)
· En Asie méridionale :
· Pakistan (1977)
· Républiques d’Asie centrale issues de l’éclatement de l’URSS un peu plus tard.
2. Des mouvements d’opposition puissants dans les pays musulmans non-islamiques
2.1. Une vigoureuse répression par les forces politiques au pouvoir
· En Syrie en 1982, révolte des « Frères musulmans » de la ville de Hama en Syrie en 1982 (répression violente de Assad : 20 000 morts …)
· En Egypte les « Frères musulmans » assassinent le Président Sadate et multiplient les attentats pour faire fuir les étrangers et notamment les touristes, mais aussi contre le président Moubarak ; répression par le pouvoir
· En Algérie,
· le FIS5, travaille beaucoup à la base en menant un processus d’islamisation par le bas et en relayant les carences de l’état en matière d’éducation de santé…Il remporte les élections en 1992, mais est dissous par le pouvoir militaire qui impose l’état d’urgence.
· Les GIA6 prennent alors le relais en pratiquant le terrorisme. C’est alors une véritable guerre civile de dix années qui ensanglante l’Algérie qui bascule dans l’horreur : plus de 100 000 morts !
· En Tunisie, le président au pouvoir, mène une politique répressive efficace contre les mouvements islamistes.
2.2. Globalement, échec des jihad locaux.
· L’objectif premier du terrorisme, la conquête du pouvoir dans les pays musulmans grâce à la mobilisation des masses de l’Oumma galvanisés par l’audace du Jihad relayée par les moyens modernes de communication n’a pas réussi : aucune mobilisation conjointe des masses de la jeunesse urbaine pauvre, de la classe moyenne pieuse et de l’intelligentsia islamique n’en est résultée pour s’emparer du pouvoir
· La lutte des EUA contre le terrorisme a au contraire affaibli les positions des extrémistes ( perte de l’Afghanistan, affaiblissement des réseaux, pressions sur l’Arabie saoudite)
3. Une volonté expansionniste manifeste,
· Particulièrement visible en Afrique subsaharienne, notamment au Soudan et au Nigeria
· A partir de la Tchétchénie : en Russie, la Tchétchénie est devenue une plaque tournante de l’islamisme et du terrorisme international, mais elle se heurte à l’intransigeance totale de Moscou et à la fermeté de son président V. Poutine.
· En Bosnie, lors de l’éclatement de la Yougoslavie, véritable guerre qui aboutit au partage etnique du pays entre serbes et bosniaques.
· A partir des quartiers de banlieue en Occident
3°) Le terrorisme islamiste.
a) Une organisation en réseau.
· Des réseaux transnationaux clandestins et cloisonnés.
· Exemple : Al-Qaïda7, financé par le milliardaire d’origine saoudienne Ben Laden, qui est à l’origine de multiples attentats, surtout contre les intérêts américains et saoudiens.
· 1996 : déclaration de jihad contre les américains
· Fev 98 : Déclaration Ben Laden et Zawahiri :
· Création d’un « front islamiste international contre les croisés et les juifs »
· Appel à « tuer les Américains et les juifs partout où ils se trouvent »
· Le Londonistan désigne différents groupes et leaders islamistes qui sont venus s’installer dans la capitale britannique, des frères musulmans jusqu’aux salafistes djihadistes : c’est l’un des centres de l’internationale islamiste.
· Les groupes islamistes
· Développent dans un premier temps des activités caritatives pour étendre leur influence
· Noyautent communautés et mosquées avec des imams autoproclamés
· Utilisent les avantages et les faiblesses des démocraties occidentales et leur esprit tolérance pour s’épanouir et les combattre en vue de leur disparition.
· Une excellente maîtrise des techniques de communication modernes
· Les chaînes de télévision comme Al Jezeera, chaîne du Qatar, et autres chaînes arabes par satellite (cf diffusion de cassettes audio ou video de groupes terroristes)
· Une multitude de sites internet islamistes
· Transferts financiers par internet
· En fait une multitude de mouvements souvent hostiles les uns aux autres, une nébuleuse avec des rivalités internes nombreuses.
b) Le terrorisme instrument du jihad :
1. L’arme de l’attentat suicide.
1.1. Le terrorisme anti-juif
· Le Hezbollah libanais est créé en 82 à l’instigation des services secrets iraniens pour devenir leur bras armé dans le désordre libanais ; prises d’otages, attentats suicides.
· La méthode de l’attentat suicide est alors transposée en Cisjordanie et à Gaza par l’intermédiaire du Hamas et du Jihad islamique, et il est tourné contre les Juifs. La lutte palestinienne se transforme en jihad avec la seconde intifada nommé par Arafat « intifada d’Al Aqsa » en septembre 2000, véritable aubaine pour les jihadises.
· Le terrorisme anti-juif en Palestine a un côté immédiat et passionnel, face à un ennemi proche clairement identifié. Il recrute dans les milieux populaires
1.2. Le terrorisme anti-américain : la lutte s’étend à l’ennemi lointain
· Premier attentat contre le world trade center en 93
· Attentats contre les ambassades américaines à Dar-Es-Salam en Tanzanie et à Nairobi au Kenya le 7 août 98
· Attentat contre le navire de guerre USS Cole dans le port d’Aden
2. Le tournant du 11 septembre
· C’est différent pour le 11 septembre :
· L’ennemi est lointain, construit, figuré par le raisonnement de « l’élite » et des « intellectuels islamistes » ;
· Les futurs « martyrs » doivent être préparés soigneusement à cette tâche et leur volonté doit être totalement sous contrôle, comme dans une secte, ce qui suppose le lavage de cerveau qui va métamorphoser des étudiants ou intellectuels de classes moyennes en tueurs fanatisés travaillant dans la durée jusqu’au moment décisif.
· Les préparatifs sont de longue durée et nécessitent une organisation très stricte et performante.
· Utilisation de la soumission, de la sujétion au chef, avec obéissance absolue, dans tous les cas.
Conclusion partielle
· Cette montée de l’intégrisme est d’autant plus importante qu’elle est largement centrée sur le Moyen-Orient, c'est-à-dire dans une région très turbulente de la planète.
· Il s’agit à la fois d’un nouveau modèle de totalitarisme et d’une menace pour la paix dans la mesure où cette perversion de l’Islam est synonyme d’intolérance, de violence et d’expansionnisme… Il contribue donc largement à accentuer le désordre contemporain.
C. L’Après 11 septembre 2001.
1°) Les attentats du mardi 11 septembre 2001
a) Des attentats en série au cœur même des EUA,
· Ils sont perpétrés par Al Qaïda
· Ils touchent les symboles de la puissance américaine, au plan économique comme au plan politique, dans les deux capitales du pays
· Ils s’enchaînent en quelques heures seulement
· Les deux tours du World Trade Center de New-York, les « Twin Towers », sont percutées par deux avions de ligne détournés par des commandos kamikazes, à 8 h. 48 pour la première, 18 minutes plus tard pour la seconde. Les caméras de télévision retransmettent en direct la catastrophe. Elles s’effondrent quelques temps plus tard, à 9 h 55 pour la tour sud, à 10 h. 35 pour la tour nord
· C’est un symbole de la puissance américaine qui est frappé
· C’est aussi un symbole de l’Occident, de ses activités puisqu’une quarantaine de nationalités du monde industrialisé s’y côtoyaient
· A 9 h.47, un troisième avion s’abat sur le Pentagone à Washington et une partie du bâtiment s’embrase
· A 10 h.10 un quatrième avion s’écrase à Pittsburgh, suite au soulèvement des passagers, mais il était probablement destiné à Washington (Capitole : siège du Congrès)
b) Un bilan tragique
· 3000 morts environ, tous innocents !
· Un choc pire que Pearl Harbor
· Car ce n’est pas un acte de guerre d’un état contre un autre état et sur un objectif militaire : un petit groupe déterminé peut désormais acquérir et mettre en œuvre une capacité de destruction autrefois réservée aux seuls Etats
· Car jamais auparavant les EUA n’avaient été frappés sur leur propre territoire métropolitain : pour la première fois ils éprouvent un sentiment de vulnérabilité, leur territoire n’est plus un sanctuaire préservé.
c) Un tournant dans la politique américaine
· « America first » et « Sécurité d’abord » : les deux slogans qui inspirent la politique américaine depuis le 11 septembre.
1. « Sécurité d’abord » Les EUA s’estiment en état de guerre contre le terrorisme
· La seule réponse possible aux attentats est de frapper les ennemis potentiels des EUA là où ils sont installés.
· Les EUA dénoncent les états voyous et déclarent la guerre à « l’Axe du Mal » (Corée du Nord, Iran, Irak)
· Ils adoptent le principe de la « guerre préventive » indispensable selon eux pour prévenir de nouveaux attentats du type 11 septembre
2. « America first » : l’Amérique en premier
· Il s’agit pour eux de défendre unilatéralement leurs intérêts sans se soucier de l’approbation internationale,
· Ils entendent cependant regrouper autour d’eux des alliés s’alignant sur leur politique prétendant défendre un modèle de civilisation. En fait la politique américaine repose largement sur la thèse du « choc des civilisations » développée par Huntington et le courant néoconservateur américain (avec une analyse de même nature que celle des islamistes : la guerre inévitable)
2°) Les réponses militaires américaines : de l’Afghanistan à l’Irak
a) La guerre d’Afghanistan : 2001
· Riposte aux attentats revendiqués par Ben Laden qui s’abrite en Afghanistan avec la complicité du régime islamiste des talibans.
· Décembre 2001 : intervention militaire de quelques semaines, avec un très large soutien international
· Le régime des talibans est renversé, mais Ben Laden s’échappe et disparaît…
· Un gouvernement provisoire est mis en place et une force de l’ONU s’efforce de garantir la sécurité sur place, mais celle-ci persiste cependant et les rivalités tribales n’arrangent rien
b) La guerre d’Irak : 2003
· Sous le prétexte que l’Irak de Saddam Hussein disposerait d’armes de destruction massive menaçant les EUA et l’Occident et soutiendrait Al-Qaïda, le Pt Bush décide de s’attaquer ensuite à l’Irak.
· L’opinion internationale est très divisée sur l’opportunité d’une telle intervention
· Les EUA peuvent compter sur le soutien sans faille de la GB, sur celui de l’Espagne, de l’Italie, de la Pologne. 34 pays participent à la coalition sous égide américaine
· Ils se heurtent à l’opposition de la France, de l’Allemagne et de la Russie qui estiment qu’il faut faire prévaloir la diplomatie et l’ONU et ainsi tenter d’éviter la guerre.
· En fait il n’existe aucune arme de destruction massive en Irak …et il n’y a pas davantage de liens entre Saddam Hussein et Ben tenu : ce n’est là qu’une vaste entreprise d’intoxication par la propagande !... Un énorme mensonge et rien d’autre !
· Un rapide succès militaire :
· Mars 2003, attaque de l’Irak par une coalition militaire essentiellement américano-anglaise, dont la supériorité technologique est écrasante.
· Bagdad tombe aux mains des Américains le 9 avril après trois semaines de combat et le régime de Saddam Hussein s’effondre complètement.
· Ce dernier est capturé en décembre 2003
c) Les limites de la réponse militaire américaine
1. En Irak, c’est rapidement le désordre le plus total : l’enlisement n’est pas à exclure.
· La défaite du régime a en fait entraîné la dislocation totale de l’état et de l’administration ! C’est donc l’anarchie et les seules structures qui subsistent sont donc des structures religieuses qui se radicalisent …
· Incapacité des EUA à rétablir la situation économique, difficulté à instaurer la démocratie malgré le succès des élections du début 2005, difficulté à surmonter les rivalités entre chiites, sunnites et kurdes.
· Insécurité permanente du fait de la multiplication des attentats et des prises d’otages en Irak, car l’intervention américaine est considérée comme une nouvelle humiliation pour les Arabes et elle attire les terroristes et islamistes du monde entier, notamment le Jordanien Al-Zarkaoui, émule de Ben Laden
2. Le réseau Ben laden est très affaibli mais le terrorisme international continue,
· Il s’exerce d’une manière plus localisée mais toujours très spectaculaire:
· Dans un premier temps, attentats peu efficaces qui tuent surtout des musulmans ce qui déprécie l’image des salafistes jihadistes (Bali 2002, Casablanca 2003, Ryad 2003, Istanboul 2003)
· L’attentat de Madrid (2 ans ½ après le 11 septembre) constitue une reprise en main des opérations par des professionnels d’Al Qaida.
3. Les difficultés américaines dans la lutte contre le terrorisme
· Difficulté pour les EUA à identifier Al Qaida car c’est un réseau dont le centre est impalpable et non pas un état comme auparavant l’URSS ;
· Dans un premier temps c’est la destruction de la base afghane qui est privilégiée, puis pressions sur l’Arabie Saoudite, puis élimination de l’état voyou de Saddam Hussein.
· Cette stratégie est opérationnelle mais elle manque son objet : pas d’éradication d’ Al Qaida malgré son considérable affaiblissement
· Difficulté pour les EUA à identifier un ennemi qui ne se déclare pas, ne revendique rien, s’efforce de se fondre dans la masse des musulmans.
Conclusion
En 2005, bien des incertitudes encore, mais quelques germes d’optimisme
· La démocratie est susceptible de progresser au proche-Orient : élections libres en Irak, élections libres en Palestine après la mort d’Arafat, promesse d’élection présidentielle pluraliste en Egypte, renaissance d’un espoir de paix entre Israël et la palestine, hostilité des Libanais à l’occupation syrienne de leur pays… sans compter l’arrêt antérieur de la guerre civile en Algérie. Mais les hypothèques sur l’avenir restent très lourdes : Irak, Iran, Arabie
· Le salafisme jihadiste reste très dangereux mais le « Jihad » a aussi suscité la « Fitna » : division du monde musulman, chaos et affaiblissement et force est de constater que dans l’histoire contemporaine, le terrorisme n’a jamais réussi à mobiliser les masses et à l’emporter…
Le XXème siècle a vu se développer deux totalitarismes avec le fascisme et le communisme. Il fallut la secondce guerre mondiale pour éradiquer le premier, près d’un demi-siècle pour que le second s’effondre. Mais c’est à ce moment là que se développe une nouvelle menace totalitaire avec l’islamisme qui constitue une véritable déclaration de guerre et une menace sur la démocratie. Du devenir de cette menace dépend cependant d’abord le destin du monde musulman : progrès ou irrémédiable déclin ? En dépend aussi la paix à la surface du globe.
Le XXIème siècle semble devoir être celui de nouveaux géants. L’hyperpuissance américaine est désormais la seule à exister. De nouveaux pôles de puissance se développent rapidement au premier rang desquels la Chine, et dans une moindre mesure l’Inde. Quelle place l’Europe saura-t-elle trouver à côté de ces géants ? Mais le XXIème siècle, c’est aussi celui de défis considérables pour la planète, notamment celui du développement et celui de l’environnement.
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