mercredi 25 novembre 2015

Quelques considérations sur le génocide arménien de 1915-1916


Quelques considérations sur le génocide arménien de 1915-1916
 
Une élimination planifiée et intentionnelle par le pouvoir ottoman
Dans le rapport du Comité de l'œuvre de secours 1915 aux Arméniens, on peut lire : « un plan général et uniforme, provenant d'une seule volonté centrale a été suivi ». On comprend, à travers ces lignes, qu'un « plan » a été élaboré donc que l'élimination a été planifiée. Ce plan a été mis en place par une « volonté centrale », expression qui désigne le pouvoir central implanté à Istanbul/Constantinople, capitale de l'Empire ottoman à l'époque. C'est le mouvement politique Jeune-Turc, au pouvoir depuis 1908, qui est à
l'origine de cette planification de l'élimination des Arméniens de l'Empire ottoman à partir d'avril 1915.

  Une élimination qui a concerné une grande partie des Arméniens
Le rapport précise que les faits se sont produits dans « toute la Turquie d'Asie du nord au sud, d'orient en occident. Pas un village, pas un hameau, pas une ville n'ont été épargnés ». Cette information - un peu exagérée - est nuancée par la vision qu'offre la carte sur la localisation des massacres : ils ont surtout eu lieu dans les grandes villes du centre et de l'est de la Turquie, là où se concentre la communauté arménienne (en jaune sur la carte). Personne ne semble échapper à cette élimination puisque le rapport précise la liste des victimes : « toute la population masculine que l'on massacre ou que l'on entasse dans des prisons » ; « ordre à toute la population féminine, aux vieillards et aux enfants de quitter la ville, mise en marche d'interminables convois que l'on affame ».
La carte vue en cours  précise le sort des Arméniens. Ils ont été victimes de « massacres » dans les villes mais aussi de « marches de la mort » où ils été déplacés de force, contraints de marcher longtemps et sur de longues distances. Beaucoup sont morts d'épuisement ou éliminés par les soldats qui encadraient ces marches. Le rapport complète ce que la carte montre. On apprend que les Arméniens ont été recrutés de force dans l'armée et envoyés se battre sans qu'ils ne soient armés. D'autres sont assassinés, torturés, des femmes sont violées. Au total, entre 1 et 1,2 millions de personnes sont mortes.

Une élimination justifiée par des motifs religieux et ethniques
Dans le rapport, on apprend les raisons ayant motivé ces actes envers la communauté arménienne de l'Empire ottoman : « on promet à ceux qui se feront musulmans qu'ils seront exemptés de la
déportation ». Les Arméniens sont chrétiens ; leur élimination s'explique donc par des motifs religieux.
D'autre part, le régime Jeune-Turc cherche à rendre la population ottomane homogène (une population entièrement et uniquement turque, d'où l'élimination des Arméniens mais aussi de la minorité kurde dont
il est aussi question dans le rapport). Cette élimination s'explique donc aussi par des motifs ethniques.
Dans le contexte de l'année 1915, où l'Empire ottoman connaît des difficultés militaires importantes, les Arméniens sont perçus comme des traitres à la patrie, ne se battant pas ou peu pour défendre l'Empire ottoman. Le pouvoir central les perçoit comme responsables de ces difficultés militaires.

Entre avril 1915 et juillet 1916, la communauté arménienne de l'Empire ottoman a donc bien été victime d'un génocide. On peut l'affirmer car les violences dont ils ont été victimes correspondent aux trois critères de définition d'un génocide :
- l'élimination de cette communauté était intentionnelle et planifiée par le pouvoir ottoman
- l'élimination concerne une grande partie de la communauté arménienne de l'Empire ottoman
- l'élimination de la communauté arménienne a été justifiée par des motifs religieux et ethniques