vendredi 14 octobre 2011

Le schéma de la région Rhône-alpes

Schéma Région Rhône-Alpes

mercredi 7 septembre 2011

PowerPoint: Les institutions de la Vème République

PowerPoint: Les institutions de la Vème République

dimanche 5 juin 2011

A lire absolument avant le 17 juin: LA FRANCE DANS LE MONDE DEPUIS 1958

Introduction
La date de 1958 n’est pas une rupture pertinente dans ce domaine car, à bien des égards, la
Vème République se situe dans la continuité de la IVème République : ambition de la grandeur,
problème de l’empire, ancrage dans le camp occidental ou encore construction européenne…
Quand de Gaulle arrive au pouvoir, la conjoncture internationale est difficile (Guerre froide,
décolonisation…). Il développe alors une conception originale : « Toute ma vie, je me suis
fait une certaine idée de la France… La France n’est réellement elle-même qu’au premier
rang » (Mémoires de guerre – l’appel, 1958).
Aussi, la coupure entre de Gaulle et ses successeurs est-elle aussi une rupture partielle,
même si le discours est parfois différent. Aujourd’hui, la France est une puissance moyenne,
qui occupe dans le monde une place supérieure à son poids réel, qui est plus de l’ordre de
l’influence que de la véritable puissance.
Durant la Vème République, de quelle façon la France a-t-elle été présente
dans le monde ?
I. Les continuités dans la politique étrangère depuis1958
A. L’appartenance au camp occidental
• L’ancrage dans le camp occidental est un héritage de la Seconde Guerre mondiale. La
France sort affaiblie du conflit à cause de sa collaboration avec l’Allemagne, mais le
général de Gaulle obtient des Alliés un siège de membre permanent au Conseil de
sécurité de l’ONU dès sa création en 1945. Les membres permanents ont le droit de veto
qui consiste à pouvoir empêcher une résolution d’être prise. La IVème République a
choisi le camp des Etats-Unis au début de la Guerre froide. Elle a accepté le plan
Marshall pour faire face à la reconstruction et aux difficultés économiques. Elle adhère
à l’OTAN en 1949 et de nombreuses bases américaines s’implantent sur le territoire.
• L’adhésion au camp occidental n’a jamais été remise en cause, quelle que soit
l’appartenance politique des Présidents. Malgré une contestation souvent spectaculaire
de la domination américaine, de Gaulle n’a jamais remis en cause l’appartenance de la
France au monde occidental. Ainsi, en 1962, il a soutenu Kennedy lors de la crise de
Cuba ; de même Mitterrand soutient les Etats-Unis lors de la crise des Euromissiles en
encourageant, à partir de 1983, l’installation des fusées Pershing face aux SS20
soviétiques. En outre, en 1991, sous Mitterrand, la France intervient aux côtés des Etats-
Unis et des autres forces mandatées par l’ONU dans la guerre du Golfe.

B. La volonté de se doter des outils militaires de l’indépendance
La France est humiliée lors de la crise de Suez en 1956 (les Américains l’ont obligé à
se retirer). Cette humiliation pousse la IVème République à accélérer le programme
nucléaire démarré en 1952. La politique nucléaire symbolise la volonté d’indépendance.
Ainsi, la mise en oeuvre d’une force de dissuasion, avec l’expérimentation de la bombe
A et de la bombe H (dans le Sahara entre 1960 et 1966 et dans le Pacifique dès 1966)
permet à de Gaulle de prendre ses distances avec le « parapluie nucléaire » américain et
de quitter le commandement militaire intégré de l’OTAN en 1966 (tout en restant
membre de l’Alliance). En 1966, est créée la base de lancement de missiles nucléaires
du plateau d’Albion. En 1967, le sous-marin nucléaire Le Redoutable est lancé.
La France a attendu jusqu’en 1992 pour adhérer au traité de non-prolifération
nucléaire signé en 1968 (refusé par de Gaulle). Elle a été la dernière grande puissance à
poursuivre les essais nucléaires (jusqu’en 1996). Le lancement du porte-avions
nucléaire Charles de Gaulle en 2001 a pour objectif de préserver les possibilités
françaises d’intervention dans le monde. En 2009, le parlement français a voté la
réintégration du pays dans le commandement militaire intégré de l'OTAN.

C. La volonté de peser sur la scène internationale
De Gaulle est à l’origine d’une politique de grandeur qui avait pour but de restaurer le
rang de la France, lui redonner une place de puissance mondiale. Cette politique de
grandeur passe par une politique d’indépendance vis-à-vis des Etats-Unis. La remise en
cause de l’hégémonie américaine se manifeste à plusieurs reprises : d’abord, en 1963 et
en 1967, il refuse de l’adhésion dans la CEE du Royaume-Uni, considéré comme trop
proche des Etats-Unis. Ensuite, en 1965, pour faire face à la suprématie économique et
technologique américaine, de Gaulle convertit en or les dollars détenus par la Banque de
France et développe les secteurs de pointe comme l’aéronautique (mise au point du
Concorde), et l’informatique (lancement du plan Calcul). Enfin, en 1966, dans son
discours de Phnom-Penh, de Gaulle condamne l’intervention américaine au Vietnam.
L’indépendance acquise grâce au nucléaire permet à la France d’être plus libre dans
sa politique étrangère à un moment où la logique bipolaire commence à être contestée.
Ainsi, de Gaulle fait des voyages à l’étranger, amorce une ouverture en direction du
monde communiste. Il reçoit Khrouchtchev en 1961, va à Moscou en 1966. Il reconnaît
en 1964 la Chine communiste. Il ouvre la voie à une politique fondée sur l’amitié avec
les Etats arabes qui se traduit notamment par l’embargo sur les armes françaises à
destination d’Israël, lors de la guerre israélo-arabe des Six Jours en 1967.
• On retrouve cette contestation de l’atlantisme chez les différents gouvernements
français qui se démarquent régulièrement de la politique menée par Washington. En
1983, Mitterrand critique l’intervention américaine dans l’île de Grenade qui avait
choisi comme dirigeant un militaire proche de Fidel Castro et condamne l’Initiative de
Défense Stratégique lancée par Ronald Reagan (« la guerre des étoiles ») en 1985. En
mars 2003, Chirac s’oppose à une intervention américaine en Irak…

II. L’Europe et l’Afrique, deux nouveaux enjeux de la politique étrangère
A. Un rôle majeur dans la construction européenne
La IVème République joue un rôle déterminant dans la naissance d’une Europe unie,
pensant que les Européens ne pourront parler d’égal à égal avec les deux Grands que
s’ils sont unis. En 1951, les négociations de six pays européens aboutissent à la création
de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier ; mais échouent pour une
politique et une défense commune (la Communauté Européenne de Défense). En 1957,
le couple franco-allemand fait aboutir le traité de Rome qui crée la Communauté
Economique Européenne. La CEE a comme conséquence principale la mise en place
d’un marché commun : accord économique qui instaure, par étapes, une zone de libreéchange
reposant sur la libre circulation des marchandises, des hommes, des capitaux
entre pays membres et un tarif douanier commun.
• Le retour de de Gaulle ne remet pas en cause la construction européenne. Pour lui,
l’Europe est utile à l’économie française et elle sert son rayonnement. Il accélère
l’ouverture de l’économie française en appliquant la première baisse des tarifs douaniers
prévue par le traité de Rome avec comme objectif d’obliger les entreprises à s’ouvrir à
la concurrence pour qu’elles participent au rayonnement de la France.
• De plus, il engage la France dans la Politique agricole commune en 1962. Mais il
refuse tout abandon de souveraineté au profit de l’Europe. Il s’oppose au passage du
vote à la majorité au sein de la CEE (il maintient la règle de l’unanimité). Le
rapprochement franco-allemand se poursuit sous l’impulsion du général de Gaulle et du
chancelier Adenauer. En 1963, le traité de l’Elysée prévoit des rencontres pluriannuelles
entre chefs d’Etat et de gouvernement des deux pays. En 2003, lors de la célébration du
quarantenaire de ce traité, le chancelier et le président de la République ont décidé de
faire rédiger des manuels communs en histoire pour la Seconde, la 1ère et la Terminale.
Les successeurs de de Gaulle se prononcent en faveur de l’élargissement et de
l’approfondissement de la construction européenne. En 1972, Pompidou fait approuver
par les Français l’entrée du Royaume-Uni dans la CEE. En 1974, Giscard d’Estaing fait
adopter l’élection des députés européens au suffrage universel. En 1979, il fait adopter
la création du Conseil européen (réunion deux fois par an des chefs d’Etat et de
gouvernement de la CEE). Mitterrand, en association étroite avec le chancelier Kohl,
accélère l’élargissement (de 12 à 15 en 1995) et l’approfondissement, avec la signature
du traité de Maastricht en 1992 qui prévoit la création d’une monnaie unique et élargit
les compétences de la Communauté européenne à l’environnement, la recherche,
l’industrie, l’éducation, la santé et la culture. Chirac accepte en 2004 le passage de 15 à
25 membres en 2004 et se prononce en faveur du « oui » à la Constitution européenne et
renforce l’axe franco-allemand en nommant avec le chancelier Schröder un Secrétaire
général pour la coopération avec l’Allemagne.
• Si les présidents de la Vème République défendent la souveraineté nationale moins
âprement que de Gaulle, c’est parce qu’ils conçoivent l’Europe comme le seul moyen
pour la France de conserver son rôle mondial. Ils ont en tête l’idée que pour conserver
son influence, la France doit renoncer à une partie de sa souveraineté. La politique
étrangère française s’inscrit de plus en plus dans le cadre de l’Union européenne qui
négocie des traités économiques avec l’OMC, et tente d’élaborer une politique
extérieure et de défense communes. Par exemple, l’Eurocorps, créé en 1992, rassemble
des régiments français, allemands, belges, luxembourgeois et espagnols.

B. Le maintien d’une sphère d’influence en Afrique
Jusqu’au début des années 1960, la grandeur de la nation est assimilée à la possession
de l’Empire colonial. Mais, les années 1950 marquent un tournant dans la perception de
la politique coloniale, notamment avec la guerre en Algérie. Dès 1958, De Gaulle
engage la France dans la voie de la décolonisation en Afrique noire, avec la volonté de
donner plus d’autonomie aux colonies, qui deviennent indépendantes en 1960. De
Gaulle pense que la puissance de la France ne passe plus par la possession de colonies.
La décolonisation s’accompagne d’accords de coopération (politique, militaire,
économique et culturelle) permettant à la France de maintenir son influence dans cette
partie du monde. L’Afrique est considérée comme sa « chasse gardée ». Cependant, les
nombreuses interventions militaires en Afrique sont souvent critiquées. Par exemple, les
opérations militaires au Zaïre et en Centrafrique (1979) ont été vues comme des
soutiens à des régimes autoritaires (celui de Mobutu et de Bokassa) préservant les
intérêts français. L’opération militaire au Gabon en 1990, qui était censée protéger les
Français expatriés, a été vue comme une volonté de préserver les intérêts des sociétés
pétrolières françaises dans ce pays et le président Omar Bongo (il a toujours mené une
politique pro-française). En échange de l’aide économique et militaire fournie par la
France, les Etats africains appuient la France à l’ONU (le général Eyadema, président
du Togo, a ainsi été un allié indéfectible de la France à l’ONU jusqu’à sa mort).
• La fin de la Guerre froide change un peu la donne : la France ferme plusieurs de ses
bases militaires (notamment en Centrafrique). Depuis 1990, Paris entend conditionner
son aide aux progrès de la démocratie : elle fait pression sur le fils du général Eyadema
en 2005 pour l’obliger à organiser des élections dignes de ce nom. En 1999, le ministère
de la Coopération perd son autonomie, il est rattaché au ministère des Affaires
étrangères ce qui montre que la coopération perd un peu de son importance.
Dernièrement, la France cherche une politique de co-développement et d’immigration
négociée avec les pays africains.

III. La place de la France dans le monde d’aujourd’hui
A. Une présence territoriale et militaire mondiale
Grâce à ses DROM (Départements et Régions d’outre-mer, où les lois françaises
s’appliquent) et à ses COM (Collectivités d’outre-mer, les anciennes colonies restées
sous la souveraineté de la France mais très autonomes), qualifiés par certains de
« confettis de l’Empire colonial », la France est restée présente dans le monde entier.
L’armée française a ainsi des points d’appui dans les Caraïbes, l’océan Indien et l’océan
Pacifique. La Guyane, grâce à sa position équatoriale propice au lancement de satellites,
abrite le centre spatial européen de Kourou. Les îles de Polynésie française ont
longtemps servi aux essais nucléaires (atoll de Mururoa). Tous ces territoires, souvent
insulaires, permettent à la France de disposer d’une Zone économique exclusive
s’étendant jusqu’à 200 milles (370 km) des côtes, sur laquelle l’Etat riverain a le
monopole de l’exploitation économique. La ZEE française compte plus de 10 millions
de km², ce qui la place au 2ème rang mondial derrière celle des Etats-Unis.
La présence de 40 000 soldats hors du territoire métropolitain contribue à la puissance
de la France. L’Afrique est au coeur du dispositif militaire français avec 1 100 soldats au
Sénégal, 4 000 soldats en Côte d’Ivoire, 2 500 hommes à Djibouti… Ces effectifs ont
facilité les interventions militaires françaises en Afrique depuis 1990, auxquelles il faut
ajouter les interventions des Casques bleus français dans plusieurs régions (Balkans,
Afghanistan…). Le passage à l’armée de métier est en partie lié à cette volonté
d’intervenir plus rapidement : en 1990-91, la France a du mal à envoyer 12 000 soldats
pour la Guerre du Golfe, d’où la décision de créer une armée de métier (en 1996).

B. Une puissance économique assez limitée
La France a connu une phase d’accroissement des échanges internationaux dans les
années 1990. C’est le résultat du choix de s’ouvrir aux échanges opéré à la fin des
années 1950, qui n’a jamais été remis en cause par la suite. On a assisté à un
accroissement continu de la part du commerce extérieur au sein du PIB : près de 9% en
1958, près de 15% en 1973, 23% en 1992 et 27% aujourd’hui. Ces échanges se font
surtout avec les pays européens et les Etats-Unis. La France est au 5ème rang mondial
pour les exportations de marchandises. Dans ce domaine, les points forts sont les
produits agricoles et agroalimentaires (2ème exportateur mondial) mais aussi
l’aéronautique ou le nucléaire. Dans le domaine des services (3ème exportateur du
monde), la France est la 1ère destination touristique mondiale avec plus de 77 millions
de visiteurs en 2002 et 15 milliards d’euros d’excédent.
• L’économie française est désormais l’une des plus extraverties du monde, que ce soit
dans le domaine des investissements à l’étranger (72% des IDE français vont dans les
pays de l’UE et 13 % vers les Etats-Unis) ou dans le domaine de l’accueil des
investissements étrangers. Elle est parmi les cinq premiers récepteurs d’IDE au monde ;
ils proviennent surtout de l’UE (72%) et des Etats-Unis (9%). La moitié des entreprises
françaises cotées en Bourse réalisent plus de 70% de leur chiffre d’affaires à l’étranger,
soit 4 fois plus qu’en 1990. La puissance économique française (6ème PIB mondial) fait
qu’elle est membre du G8, le sommet politique et économique qui réunit une fois par an
les chefs de l’exécutif des sept pays les plus industrialisés du monde plus la Russie.
• Mais, la puissance économique française a des limites. L’internationalisation de son
économie se traduit aussi par une expatriation croissante des talents, particulièrement en
direction des pays anglo-saxons (brain drain). L’Etat ne contrôle plus les capitaux. Le
capital des grandes firmes françaises est en partie aux mains d’investisseurs étrangers.
L’Etat cherche à s’adapter : les présidents de la République emmènent des chefs
d’entreprise dans leurs voyages pour leur permettre de signer de nouveaux contrats.

C. La francophonie: encore un élément de puissance ?
• Le français est aujourd’hui parlé par 115 à 160 millions de personnes dans le monde
(une trentaine d’Etats, surtout en Afrique noire). Mais le français est, avec l’anglais, la
seule véritable langue de communication internationale. La francophonie s’explique par
deux faits: la constitution d’un empire colonial à partir de la fin du XIXème siècle et la
nécessité de repenser les liens entre l’ancienne métropole et ses colonies désormais
émancipées, tout en résistant à la diffusion de l’anglais et du modèle anglo-saxon.
• On distingue plusieurs groupes de francophones : ceux dont le français est la langue
maternelle et officielle (Etats francophones européens et Québec), ceux dont le français
est la langue administrative (pays d’Afrique noire), et enfin les élites de certains pays
qui ont appris le français (anciennes colonies d’Asie du Sud-Est et du Maghreb).
La francophonie est la politique visant à défendre et à promouvoir la langue et la
culture françaises dans le monde. Elle a pris une tournure politique à partir de 1986,
date du premier sommet réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement de 51 pays
ayant en commun l’usage du français. Désormais, sont abordées des questions d’ordre
culturel et diplomatique au cours des sommets de la francophonie qui ont lieu tous les
deux ans. Certains Etats dont la population maîtrise le français (comme l’Algérie)
n’appartiennent pas à l’Organisation Internationale de la Francophonie. Peut-être
considèrent-ils que cette organisation est une forme de néocolonialisme ? Aux pays qui
souhaitent résister à l’uniformisation mondiale, l’Organisation Internationale de la
Francophonie montre que l’usage commun d’une langue crée des solidarités, fonde une
identité forte étayée par des valeurs partagées : la démocratie et les droits de l’Homme,
mais aussi la laïcité et la recherche d’un développement respectueux des aspirations
humaines et des fondements socioculturels des sociétés.
• Cette promotion du français hors de France est soutenue par une véritable diplomatie
culturelle, coordonnée par le ministère des Affaires étrangères. Elle peut s’appuyer ainsi
sur le réseau des Alliances françaises (associations privées installées dans de nombreux
pays qui enseignent la langue et la civilisation françaises) et sur des médias à vocation
internationale. L’AFP (Agence France Presse) diffuse des informations en français
grâce à des correspondants dans 135 pays. RFI (Radio France International) diffuse
dans le monde entier des émissions en français. TV5 monde est une chaîne francophone
par satellite, créée par les télévisions française, belge, suisse et canadienne ; France 24,
créée en 2006, est une chaîne d’information internationale continue.

Conclusion : Une puissance moyenne
• La politique de grandeur et la contestation de l’hégémonie des Etats-Unis, la francophonie,
les DROM-COM et l’Union européenne ont permis à la France de faire entendre sa voix.
Mais la possession d’un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, qui
donne à la France le droit de veto, constitue aussi un élément non négligeable de pouvoir. La
France ne peut se permettre d’adopter une attitude unilatérale dans le domaine de la politique
étrangère.
• Cela explique peut-être sa volonté de favoriser la gestion multilatérale des crises, comme ce
fut le cas lors de la crise irakienne en 2003 et de faire prévaloir le respect du droit sur la scène
internationale. Elle insiste sur des thèmes porteurs, comme celui des droits de l’homme et de
la démocratie. Elle est notamment à l’origine des résolutions de l’ONU créant les tribunaux
pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie (1993), le Rwanda (1995) et du projet de la
Cour pénale internationale.

vendredi 27 mai 2011

Croquis:le bassin méditerranéen, une interface Nord-Sud

CROQUIS - LE BASSIN MEDITERRANEEN

COURS: LE BASSIN MEDITERRANEEN, UNE INTERFACE(manuel, p.302 et suivantes)

 Introduction
Le bassin méditerranéen désigne à la fois la mer Méditerranée (une mer quasi intérieure simplement ouverte sur l'océan Atlantique par le détroit de Gibraltar) ainsi que les 21 Etats installés sur ses littoraux. Or cette définition pose le problème des limites exactes du bassin méditerranéen car tout le territoire des Etats riverains de la Méditerranée ne peut pas être inclus dans la zone méditerranéenne (il serait absurde de classer la Bretagne dans le bassin méditerranéen même si la France est installée au bord de la Méditerranée). Ainsi, le seul critère simple à retenir pour délimiter le bassin méditerranéen est le climat méditerranéen : il pose un décor homogène pour tout cet ensemble (le géographe Jacques Bethemont retient les limites de la zone de culture de l'olivier pour définir le bassin méditerranéen).
Ce bassin est une des interfaces Nord-Sud de l'espace mondial (c'est-à-dire une zone de contact entre deux espace de nature différente : espace maritime et espace terrestre ; espace développé et espace en développement). Bien que la Méditerranée soit traditionnellement retenue comme frontière entre l'Europe, l'Afrique et l'Asie, elle semble plus rapprocher ces trois continents qu'elle ne les sépare, ne serait-ce que par l'intensité des flux qui transitent par cette mer. Malgré les tensions voire les conflits qui ont émaillé l'histoire de la Méditerranée, les échanges - notamment commerciaux - sont anciens et intenses en Méditerranée.
Problématique : Comment cette position d'interface se traduit-elle dans les paysages et
l'organisation de l'espace du bassin méditerranéen (à toutes les échelles) ? 
I. Le bassin méditerranéen, une zone de fractures
A. Des fractures historiques et culturelles manuel, p.303
Aujourd'hui, on distingue autour de la Méditerranée trois grands ensembles culturels :
- au Nord-Ouest (en Europe occidentale), un ensemble catholique qui est
l'actuelle survivance de l'Empire romain. Le christianisme devient en effet
religion officielle de l'Empire romain en 380 ;
- au Nord-Est (en Europe de l'Est et dans les Balkans), un ensemble orthodoxe
qui est l'actuelle survivance de l'Empire byzantin. Le christianisme
orthodoxe est la religion des Byzantins à partir de 1054 ;
- au Sud et à l'Est (au Proche-Orient, au Machrek et au Maghreb), un
ensemble musulman qui est la survivance des califats musulmans du Moyen- Age dont l'Islam est la religion à partir de 622.
La présence des ces trois ensembles culturels est encore perceptible aujourd'hui. Elle se manifeste par la présence des trois ensembles linguistiques (qui correspondent en gros aux ensembles religieux) : langues grecques sur l'ensemble orthodoxe, langues latines sur l'ensemble chrétien et langues arabes sur l'ensemble musulman. Ces divisions culturelles passées ressurgissent aussi dans des tensions et des conflits actuels en Méditerranée. Le bassin méditerranéen n'est pas stable géopolitiquement (on en veut pour preuve la présence de l'armée américaine) : des Etats ont été marqués par des guerres civiles (comme l'Algérie dans les années 1990), des Etats sont encore en guerre (comme entre Israël et l'autorité Palestinienne depuis les années 1950), des Etats ont récemment été frappés par des actes de terrorisme (comme en Espagne en 2003). Enfin, le partage de l'eau - qui manque cruellement au Proche-Orient - est source de tensions. 
B. Des fractures de richesse et de développement , p.302, n°1
Les Etats les plus riches et développés se situent au Nord de la Méditerranée, ce sont
les Etats membres de l'Union européenne (du Portugal à Chypre, hormis les Etats de la péninsule balkanique), l'un des trois pôles de la Triade. Leur IDH est supérieur à 0,9 et leur PIB par habitant dépasse les 20 000 dollars annuels. Ils font partie des Etats les plus riches et développés à l'échelle mondiale.
Les Etats les moins riches et développés se situent à l'Est et au Sud de la Méditerranée (depuis la Turquie jusqu'au Maroc). Leur IDH est compris entre 0,7 et 0,9 et leur PIB par habitant entre 5 000 et 20 000 dollars annuels (on constate donc des écarts importants). Ce sont des Etats du Sud dans une situation intermédiaire : ils se sont pas encore des pays émergents mais ne sont pas au stade des PMA d'Afrique subsaharienne (leur économie repose sur l'exportation de matières premières ou l'accueil de touristes, ce qui leur permet d'être aisément insérés dans les échanges mondiaux).
Deux zones font exception à cette logique Nord-Sud : les Etats de la péninsule balkanique, du côté européen, ont un IDH et un PIB/habitant proches de ceux des pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée (PSEM) alors qu'Israël, qui est implanté au Proche-Orient est un Etat riche et développé (avec des performances comparables aux Etats membres de l'Union européenne).
C. Des fractures de peuplement et démographiques, p.302, n°2
Dans le bassin méditerranéen, les densités sont inégales donc la population est
inégalement répartie. Mais globalement, les fortes densités sont concentrées à proximité des littoraux (d'où la raison pour laquelle on parle de littoralisation de la population). Cela dit, les zones de forte densité sont plus étendues sur la rive Nord que sur la rive Sud (où les fortes densités sont vraiment coincées sur le littoral).
La rive Nord enregistre une croissance démographique faible voire nulle (elle est inférieure à 5‰ par an) alors qu'elle est soutenue sur la rive Sud (nettement supérieure à 5‰ par an). Ceci s'explique par le fait que la croissance démographique est achevée au Nord (la natalité et la mortalité sont basses et au même niveau) et pas au Sud (où la natalité est encore largement supérieure à la mortalité qui a nettement baissé).
On observe un basculement démographique entre les deux rives de la Méditerranée : la population de la rive Nord stage alors que celle de la rive Sud explose donc le fossé démographique historique entre rive Nord et rive Sud disparaît (les pays du Nord de la Méditerranée compte 210 millions d'habitants contre 260 pour ceux du Sud). D'autre part, la population s'entasse dans les espaces urbains littoraux totalement saturés : on parle de marbellisation du littoral (en référence à la station balnéaire espagnole de Marbella où le front de mer a été totalement bétonné, afin de loger les touristes). Là, les densités atteignent souvent plus de 10 000 habitants au km², soit autant que dans le centre des grandes « villes monde ». 

II. Le bassin méditerranéen, une zone d'échanges ; p.304 à 307; p.323

A. LES FLUX HUMAINS : Les MIGRATIONS DE PERSONNES.

1°) L’explosion des flux migratoires.

®    Le phénomène est délicat à quantifier du fait de l’incertitude des statistiques : elles sont difficiles à trouver, toujours faussées par les migrations clandestines, inadaptées le plus souvent (les chiffres dont on dispose sont les chiffres du nombre de personnes déclarées dans chaque pays, il s’agit du résultat de migrations anciennes, pas des migrations actuelles)

a) Pays de départ, d’accueil, de transit

®    Les déséquilibres économiques entraînent d'importants flux migratoires selon un axe Sud / Nord et un axe Sud-est / Nord-ouest.
®    Attention : des pays comme l’Espagne, l’Italie, la Grèce, qui furent autrefois des terres d’émigration sont devenus récemment des terres d’immigration !
1. Les pays de départ sont au Sud et à l’Est
§         Dans le cas des flux S/N : certains pays du sud - Maghreb, Turquie et Liban - sont à la fois des pays de départ et des pays de transit pour des migrants d’une origine plus lointaine (Afrique subsaharienne ou Asie méridionale ou orientale)
§         Il existe aussi des flux S/S : d’Egypte des migrants partent vers la Libye ou le Moyen-Orient ; la Libye a accueilli des migrants puis les a renvoyés (elle est aussi un pays de transit)
§         Des difficultés parfois pour le sud
ú          Les foyers traditionnels d’émigration (Grande Kabylie par exemple) peuvent se trouver affectés par le départ de leurs forces vives entraînant vieillissement de la population et déprise rurale.
ú          Des pays de transit peuvent se trouver confrontés à la difficile gestion de migrants clandestins (cf. Maroc avec la migration transsaharienne des noirs qui affluent vers les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla pour tenter de gagner l’Europe)
2. Les pays d’accueil sont essentiellement au Nord 
§         Dans le cas des flux S/N : certains pays du nord – Italie, Espagne, France - sont à la fois des pays d’accueil et des pays de transit pour des migrants qui se rendent plus au nord en Europe, vers le R.U., l’Allemagne ou les pays scandinaves .
§         Il existe aussi des flux N/N : nombre de pays balkaniques sont des pays de départ (mais sont-ils au nord ou au sud ?...)
§         L’immigration pose dans les pays d’accueil des problèmes parfois difficiles : problèmes d’intégration aux plans économique, social et culturel.
3. Les formes de migrations à l’échelle méditerranéenne
§         Des migrations strictement méditerranéennes : Exemple type : Maroc-Espagne ; Maroc-France ; Libye-Italie.
§         Des migrations dissymétriques. :
ú          Pays méditerranéen au sud, vers un pays d'Europe du Nord,
ú          Pays subsaharien vers pays européen méditerranéen du Nord  (en essor).
§         Des migrations de strict transit
ú          Pays subsaharien vers pays d'Europe du Nord (minoritaires)

b) Des flux préférentiels

1. Les mouvements N/S se font en priorité vers les pays qui ont des liens avec le pays de départ,
ð         Causes :
§         L’importance des structures communautaires
ú          Liens familiaux établis dans ces pays par les migrants
ú          Réseaux villageois ou ethniques
ú          Filières
§         Les raisons linguistiques, donc le plus souvent historiques (colonialisme)
ð         Exemples :
ú          Maghreb à France
ú          Libye à Italie
ú          Turquie à Allemagne
ú          Égypte à Royaume-Uni.
ð         Remarque :
®    Cette concentration géographique se retrouve à l'échelle locale : concentration des populations de certaines zones des pays dans certaines régions du pays d'accueil, voire dans certains quartiers.
2. Limite du phénomène : une tendance récente à la dispersion
ð         Les terres d'accueil se sont élargies à de nouveaux territoires, en particulier pour les maghrébins :
§         Les pays scandinaves
§         Le Royaume-Uni (accueil des opposants islamistes et législations migratoire plus souple)
§         La péninsule ibérique.
ð         Aujourd'hui : création de diasporas comme la diaspora marocaine (1,6 Millions de marocains vivent dans 15 pays différents)

c) Les migrations clandestines

1. Flux et pôles
ð         Les flux de clandestins viennent souvent de pays situés en dehors du monde méditerranéen, à l’exception de l'Albanie.
ð         Trois plaques tournantes de l'immigration clandestine :
§         Turquie
§         Italie du Sud
§         Maroc/Espagne
2. Un essor considérable
ð         Causes :
§         Les législations européennes deviennent de plus en plus restrictives pour compenser l'élargissement de l'espace de Schengen, avec des mesures draconiennes pour lutter contre l'immigration clandestine en particulier de la part des 5 pays les plus concernés qui ont harmonisé leur législation dans ce domaine.
§         L’organisation de réseaux et de filières clandestines d’immigration participe à la diversification des activités mafieuses mondialisées
§         La situation intérieure de certains pays de départ est de plus en plus catastrophique (Afrique subsaharienne, Kurdistan…)
ð         Les seules statistiques fiables sont celles des reconductions à la frontière.
§         Elles sont en augmentation constante : 94000 en Espagne, 46000 au Royaume-Uni, 9000 en France, 4500 en Allemagne, 2500 en Italie.
®    Cette immigration clandestine coûte cher, sur le plan économique et surtout en vies humaines.
Conclusion partielle
®    Les pays du Nord ont compris que le problème de l'immigration ne pouvait être abordé que sur la façade nord mais devait être approché globalement.
®    Ils portent un intérêt croissant aux états qui sont en première ligne maintenant dans le processus migratoire (pays du Maghreb, Libye, Turquie) et passent des accords avec eux pour qu’ils renforcent leurs contrôles aux frontières.
®    La solution à long terme passe par le développement des pays du sud.

2°) L’essor des flux touristiques.

®    Ils sont un autre aspect des contacts nord-sud. Là aussi la Méditerranée constitue un espace de contact, une zone intermédiaire.

a) La Méditerranée est le premier bassin touristique de la planète

®    150 à 200 Millions de touristes, soit 30 à 40 % de l'accueil et 1/3 des recettes mondiales.
1. L’attraction du sud sur les touristes : que va-t-on chercher dans le sud ?
§         Mer + soleil + sécheresse estivale = tourisme balnéaire estival, mais aussi hivernal (c'est même le tourisme hivernal qui fut à l’origine du phénomène, la Côte d’Azur étant de ce point de vue un excellent exemple)
§         Berceau de civilisations : tourisme patrimonial vers les monuments.
§         Interface civilisationnel => tourisme urbain et culturel.
§         Mer : tourisme de croisière.
§         Paysages et modes de vie différents
§         Tourisme sportif sur les sites aménagés (cf. plongée sous-marine en Mer Rouge)
2. Un phénomène valable pour la rive nord comme pour la rive sud de la Méditerranée
§         Les régions méditerranéennes françaises, italiennes, espagnoles ont pleinement bénéficié de cet effet sud.
§         L’espace touristique s’est ensuite élargi aux îles, à la Tunisie, au Maroc, et plus récemment à la Turquie et à certaines côtes israéliennes (avant la seconde Intifada).

b) Les lieux du tourisme : la localisation des foyers d'accueil

®    Le tourisme n'est pas un élément totalement lié à la situation d'interface car seule une partie du tourisme balnéaire est un tourisme d'interface, certains touristes du Nord allant chercher au Sud des tarifs plus compétitifs.
1.      Le tourisme concerne essentiellement le Nord.
1.1. Le Poids prépondérant du Nord
§         Principal émetteur de flux touristiques :
ú          L’Europe est un véritable réservoir de touristes à hauts revenus
ú          Pour le tourisme, l’aire méditerranéenne est davantage sous influence européenne. (En 10 ans en Egypte les pays européens sont passés de 30 à 56% de la fréquentation touristique de ce pays, avec parallèlement une baisse de la fréquentation américaine amorcée lors de la première guerre du Golfe.)
§         Principal récepteur des flux touristiques aussi : 33% des touristes vont en France (mais pas tous sur les rives méditerranéennes), les 2/3 vont sur l'Arc Latin et la Grèce.
ú          Il y a en fait davantage de flux N/N que de flux N/S vers la Méditerranée
ú          Les principaux foyers récepteurs sont l’Italie, l’Espagne, PACA, Languedoc-Roussillon, la Grèce
1.2. Les raisons de la suprématie de la rive nord
§         La plus grande proximité des foyers émetteurs.
§         La facilité d'accès liée à la présence de réseaux autoroutiers et d'aéroports importants.
§         Une tradition et des aménagements touristiques plus anciens : volonté des états de développer ce secteur d’activité
§         La stabilité politique.
§         Le meilleur équipement en quantité et en qualité.
1.3. Les variations récentes
§         La Croatie à la hausse : la côte dalmate est en train de faire des efforts considérables pour ré attirer les touristes qui avaient déserté durant la guerre en ex-Yougoslavie. C’est surtout le domaine des européens de l'Est, aux moins grands revenus, mais la côte dalmate est une destination de plus en plus prisée pour les ressortissants de l’UE aussi.
§         Israël à la baisse, qui subit les contrecoups de l'instabilité politique.
2. Dans les PSEM
2.1. Au Sud le tourisme est une activité moins développée qu’au Nord
§         Si l’on s’en tient aux ressources balnéaires, à la composante climatique de l’effet sud et à l’exotisme, la rive sud devrait être plus développée que la rive nord en matière de tourisme, ce qui n’est pas le cas, car plus on s’éloigne de l’Europe du nord-ouest, plus les flux sont faibles. En Tunisie et au Maroc, il y a des lieux touristiques isolés près des aéroports.
§         D’autres facteurs sont donc fondamentaux qui font défaut au sud, partiellement ou totalement : l’accessibilité, les modes de transports utilisables en continuité, les équipements, donc les capitaux, la stabilité géopolitique, les facteurs culturels (religion, pudeur)
2.2. Les principales destinations
§         Concentration des stations balnéaires sur le littoral avec deux destinations majeures pour le tourisme international :
ú          La Tunisie
ú          La Turquie.
§         Mais il existe aussi un tourisme national non négligeable et en plein essor au Maroc, en Libye, au Liban, en Syrie.
§         Dans ces états, le tourisme est une importante source de revenus. Il permet aussi des contacts entre les populations du nord et du sud. Ces contacts donnent une image du Nord qui participe à l'alimentation des flux migratoires.

Conclusion partielle :
®    La mobilité des hommes, touristes ou migrants est source d’enrichissement mais aussi de tensions.
®    Ses effets sur les sociétés et les territoires sont nombreux et complexes mais ils dépassent assez largement le cadre de notre étude dans la mesure où toutes les zones extra méditerranéennes sont concernées, notamment en Europe.

B. LES FLUX ECONOMIQUES, COMMERCIAUX ET FINANCIERS.

1°) Les flux de marchandises.

a) Un espace traditionnellement ouvert aux échanges

ð         La Méditerranée a toujours été caractérisée par des flux commerciaux importants du fait de ses ouvertures :
§         Ouverture vers l'Asie centrale et la Chine (route de la soie) par Istanbul et le Moyen-Orient
§         Ouverture vers le Monde indien et la Chine par Suez
§         Ouverture vers l'Afrique noire par la vallée du Nil, la Libye.
§         Ouverture vers l'Afrique occidentale, les Amériques et l'Atlantique nord via Gibraltar
§         Ouverture vers les Flandres et les plaines d'Europe du Nord via la vallée du Rhône.
ð         De ce point de vue la Méditerranée a toujours été une interface entre Orient et Occident (bien davantage qu’entre Nord et Sud)

b) Des échanges dissymétriques qui répondent aux besoins de l’économie européenne.

ð         Les échanges sont le reflet des niveaux de développement
ð         Dans le sens nord / sud : exportation de produits fabriqués, de machines, de blé, de produits laitiers
ð         Dans le sens sud / nord :
§         Le tonnage est plus important,
§         Exportation de produits bruts et semi affinés,
ú          Hydrocarbures surtout mais aussi minerais, phosphates, d’où la création de pôles industriels littoraux comme Skikda et Arzew en Algérie
ú          Produits agricoles du sud : oranges, tomates, légumes etc..
§         Depuis une dizaine d’années s’y ajoutent des produits fabriqués à bas prix dans les ports (Tunisie, Maroc, Turquie) dans le cadre de délocalisations ou de spécialisations dans le cadre de la mondialisation (textile et habillement par exemple).
ú          Ces pays sont en quelque sorte devenus des pays ateliers pour l’UE.
ú          Ils souffrent actuellement de l’augmentation des exportations chinoises  en matière textile
ð         Les échanges des pays du Sud se font essentiellement avec l'Union Européenne ; ainsi les pays du Maghreb assurent 60% de leurs échanges avec l'UE.

c) Des échanges essentiellement maritimes.

1. Une fonction de transit pour l’essentiel.
§         Là aussi il s’agit la plupart du temps de transit à destination de l’Europe du Nord-ouest.
§         Les flux de strict transit représentent 80 % des marchandises transportées, avec une forte concentration en tonnage sur la France, l’Italie, l’Espagne.
2. Quatre secteurs portuaires majeurs tous situés au Nord.
§         Marseille-Fos assure 30 % des flux du Nord.
ú          C'est un renouveau récent, mais Marseille est le 1er port français aujourd'hui. Par contre, une grande partie du trafic est du transit vers l'Europe du Nord.
ú          Aujourd'hui Marseille est un hub : Aéroport (2ème français pour le fret, 3ème pour les passagers) + TGV (3 heures de Paris) + Port.
ú          En revanche le port a pris un lourd retard en matière de conteneurs du fait des pressions exercées par les syndicats de dockers qui y sont hostiles : ce trafic d’avenir est donc largement capté par d’autres ports maritimes
§         Gênes-Livourne : 25%
§         Venise-Trieste : 25%
§         Barcelone-Tarragone-Valence : 20%
3. Les autres sites portuaires ont un rôle mineur
§         Essor des ports porte-conteneurs d'Algerisas (Espagne) et Giaua-Tauro (Italie) qui redistribuent les conteneurs dans toute l'Europe du Nord.
§         Le sud est nettement moins bien équipé ce qui traduit bien l'inégalité des façades.

2°) Les flux de capitaux

a) Les échanges de capitaux : des flux du Nord vers le Sud.

ð         Ils consistent surtout en paiements et en investissements de délocalisation.
§         Délocalisations ou implantations de sociétés industrielles (composants électroniques par exemple)
§         Délocalisation de services : centres d'appels, sociétés d'assurances au Maroc ou en Tunisie (les populations sont jeunes, bien éduquées, parlent français sans accent avec un peu de formation, les exonérations fiscales durent 5 ans, le coût de la main d'oeuvre est peu élevé, l'Europe est très proche)
ð         Autre poste important : les envois d’argent des travailleurs migrants originaires du Sud dans leur famille restée sur place.
ð         A la marge : les retraités du Nord qui vont s’installer au Sud pour leur retraite, au Maroc notamment

b) Leurs effets à grande échelle

ð         Le développement de zones de cultures irriguées d’exportation vers le marché européen. (cf. plaine de Sousse et de Sfax en Tunisie, littoral atlantique au Maroc)
La littoralisation des activités et les échanges de produits.

III. Le bassin méditerranéen, une zone de coopérationp.313
A. Vers un rééquilibrage des relations Nord-Sud
La conférence de Barcelone, qui a réuni en 1995 tous les chefs d'Etats et de
gouvernement méditerranéens, a mis en place un programme de coopération à l'échelle d'un grand bassin méditerranéen (27 Etats) nommé MEDA (Méditerranée Aides). Ce
programme se décline en trois volets majeurs :
- au plan politique, il s'agit de créer une « zone de paix et de stabilité ».
Autrement dit, les Etats signataires s'engagent à favoriser le dialogue entre eux afin de réduire certaines tensions diplomatiques (entre l'Algérie et le Maroc à propos du tracé de leur frontière dans le Sahara) ou de mettre fin à
des conflits toujours en cours (celui entre Israël et l'autorité Palestinienne) ;
- au plan culturel, il s'agit de favoriser la compréhension et les échanges entre
les ensembles culturels installés sur les rives de la Méditerranée (dans la
perspective de réduire les tensions et de limiter les conflits) ;
- au plan économique, il s'agissait de mettre en place une zone de libre échange à
l'horizon 2010. Concrètement, il s'agissait d'abaisser (voire d'annuler) les taxes
douanières sur les échanges commerciaux (de biens et de services) ;
En 2008, la conférence de Barcelone a été complétée et prolongée par l'Union pour la Méditerranée. L'UPM est un accord regroupant 44 Etats (tous les membres de l'UE ainsi que les PSEM). Elle complète la conférence de Barcelone sur les questions environnementales (réduction des pollutions en Méditerranée, meilleur partage des eaux) et tente de lutter contre l'immigration clandestine en direction de l'UE.
B. Vers une gestion durable du bassin méditerranéen
Trois menaces environnementales majeures menacent le bassin méditerranéen. Une
grande partie des littoraux est totalement saturé : l'urbanisation s'est traduite par un bétonnage massif des côtes, détruisant des milieux méditerranéens. Les pollutions de toute nature (rejets de déchets ou de gaz à effet de serre) sont monnaie courante : elles dégradent la qualité de l'eau, de l'air¼ et contribuent au développement de certaines maladies et renforcent le réchauffement climatique. Enfin, de plus en plus d'Etats (surtout ceux du Proche-Orient) sont menacés de pénurie en eau - de façon ponctuelle
ou permanente, ce qui entraîne des conflits de partage entre les différents utilisateurs.
Des raisons naturelles expliquent ces menaces : l'aridité du climat méditerranéen renforce le stress hydrique et la configuration de la Méditerranée en amphithéâtre montagneux concentre les densités sur les littoraux. Les facteurs humains jouent un rôle bien plus important encore. Le non respect de normes élémentaires en matière d'environnement et l'implantation d'activités gourmandes en eau/et ou polluantes aggravent les menaces environnementales qui pèsent sur le bassin méditerranéen.
Peu de mesures concrètes sont mises en place, si ce n'est les restrictions d'eau. Globalement, les politiques de gestion durable du bassin méditerranéen n'en sont qu'au stade des intentions, même si globalement les Etats du Nord sont plus avancés que ceux du Sud et de l'Est (ils ont mis en place des normes environnementales et des mesures de protection des littoraux mais qui ne sont valables que pour leur propre territoire).
C. Des politiques de coopération encore timides 
En matière de lutte contre l'immigration clandestine, la politique mise en place par
l'UE (et imposée aux PSEM) est jugée comme trop sécuritaire : ils ferment les frontières de l'espace Schengen pour stopper l'entrée de migrants clandestins (ou pas). De plus, des inégalités de développement très fortes et des conflits persistent encore dans le bassin méditerranéen, ce qui freine la mise en place de ces politiques de
coopération (car les Etats manquent d'argent ou ne parviennent pas à s'entendre).
Les revendications majeures -émanant surtout des PSEM - afin d'améliorer la
coopération méditerranéenne portent sur trois points :
- traiter les questions migratoires à la source : il s'agirait d'aider les PSEM à
se développer afin de dissuader les migrants de partir (les gens quittent les PSEM pour des questions de faiblesse de revenus et de mauvaises conditions de vie, espérant en trouver de meilleures en Europe). En cela, les PSEM appellent à la mise en place de politiques de codéveloppement (financement par des pays du Nord de politiques de développement dans des pays du Sud,
afin de tarir les flux migratoires) ;
- associer davantage les populations locales aux décisions prises et aux projets
réalisés : il s'agirait de faire en sorte que la coopération réponde mieux aux besoins des populations et ne soient plus uniquement décidés par des

fonctionnaires ou des experts (c'est l'éternel reproche adressé à l'UE) ;
- tenir les engagements annoncés dans le cadre de ces politiques de
coopération (notamment au plan financier, car l'UE se désengage ou ne s'engage pas autant qu'elle l'avait promis).

Conclusion  Un zoom des inégalités à l'échelle mondiale
Le bassin méditerranéen est une zone de fractures de la planète, du fait de la mise en contact
de deux espaces dont les niveaux de développement sont éloignés. C'est une situation
relativement rare pour être signalé (c'est aussi le cas de la frontière Etats-Unis/Mexique).
Cette interface Nord-Sud génère des flux massifs, qui ne seraient certainement pas si actifs sans ce différentiel de développement aussi important. Pendant très longtemps, les échanges n'ont profité qu'aux Etats de la rive Nord de la Méditerranée (notamment à l'époque coloniale) alors que depuis une vingtaine d'année, les premières retombées de ces flux se font sentir dans les pays de la rive Sud : les flux touristiques et d'hydrocarbures, notamment, créent des emplois et de la richesse en Afrique du Nord et au Proche-Orient.
La tendance actuelle est à la coopération entre les deux rives, afin de régler des problèmes qui concernent l'ensemble des Etats du bassin méditerranéen. Cependant, cette coopération est encore bien timide.
 

Pour conclure, dire que la Méditerranée est un clivage est faux. Le clivage passe au milieu de la rive nord, ou au niveau du Sahara.
 On peut dire qu’il s’agit d’une interface.
Mais une interface de 800 Kms de large, dans laquelle les littoraux et les îles jouent le rôle essentiel
Mais une interface où les relations Orient/Occident (UE) sont au moins aussi importantes que les relations Nord/Sud.
Mais une interface dominée par la discontinuité : il y a peu de relations entre Espagne et Maroc ou entre l’Italie et la Tunisie.
Le meilleur concept serait en fait celui d’espace intermédiaire, tout comme le climat méditerranéen est un climat intermédiaire.